Extrait du journal
« Je pense tout comme vous, me disait un électeur, que ce monsieur n’est qu’un imbécile et un goujat, mais qu’est-ce que vous voulez ? il faut bien braire pour avoir du son, et j’ai promesse de satisfactions personnelles, qui ne sont point négligeables. » Qu’on ne nous parle plus de représen tation nationale ! La nation n’est nulle ment représentée. Ou, pour parler mieux, elle l’est quant à ses vices, son avidité, sa sottise, mais elle ne l’est pas pour ses idées réfléchies sur le gouver nement. En sorte que l’on assiste à ce curieux spectacle d’une masse d’élec teurs, que dégoûte leur propre ouvrage. Ils contemplent, en se bouchant le r-ez, ce grouillement d’incapacités, d’in intelligences, d’égoïsmes et d’envies, et disent : « Qui est-ce qui nous a fabriqué ça ? » Quand on leur répond : « C’est vous-mêmes ». Ma foi, c’est bien possi ble, disent-ils avec indifférence ; et ils continuent à se boucher le nez, ce qui ne saurait être considéré comme une solution. Je ne sais pas s’il est vrai que le bon Dieu, lorsqu’il eut terminé sa création, trouva son ouvrage bon, prouvant ainsi qu’il n’était pas difficile ; mais, ce que je sais, c’est que lorsque notre nation s’est composée un gouvernement et des pouvoirs publics, elle n’a qu’à regarder ce qu’elle a fait pour le trouver immé diatement détestable. Ce qui est curieux, c’est qu’elle ne fi nisse pas par se dire : « Pour que j’aie la main aussi malheureuse, il faut vrai ment que je m’y prenne mal. » Une cuisinière peut manquer un plat, deux plats. Mais, quand le dîner entier est raté, il faut de deux choses l’une, ou qu’elle n’entende rien à la cuisine, ou qu’elle n’ait pas ce qui est nécessaire pour la faire. Ce dernier cas est celui de la nation Française. Elle n’est peut-être pas très habite en politique. Cependant, je suis convaincu qu’elle s’en tirerait encore, si l’on ne lui retirait pas tous les moyens de s’en occuper sérieusement. Des gens, dont on ne peut dire s’ils sont plus bê tes ou plus malins, se sont arrangés pour ôter toute signification à un bulle tin de vote et pour que l’électeur, en vo tant, ne sache pas ce qu’il fait. De là résulte la cuisine que vous voyez, et qui offre une vague ressemblance avec le thé de madame Gibou, où la bonne dame avait mêlé tout ce qu’elle avait trouvé sous sa main. Cela taisait une mixture nauséabonde, de saveurs variées ; mais cela n’était pas du thé. Ainsi de notre Chambre, qui est‘tout ce que vous voudrez, mis qui n’est cer tainement. pas une assemblée politique. Lorsqu’il s’agit de politique, qu’estce que vous voulez qu’on fasse de ça ? HENRY MARET....
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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