Extrait du journal
On a pu lire, dernièrement, dans les journaux, une assez singulière histoire, celle d'une grève municipale. Le maire de la commune de Clary, dans le Nord, avait fermé sa mairie, à la date du 15 mars 1909, en alléguant — et Von avoue ra que l'excuse était valable, que la préfecture ne lui avait pas retourné son budget de 1909, et que par conséquent, il ne pouvait pas payer ses employés. Peut-être — je n'ose pas trop m’en flatter — ce nom de Clary rappelle-t-il quelque chose à nos lecteurs. J'ai racon té ici même, dans le numéro du 15 août dernier, quelques épisodes des combats homériques qui se livraient entre le maire de Clary et le sous-préfet de Cam brai ; comment le conseil de préfecture invalidait systématiquement les élus modérés, que les électeurs s’obstinaient à réélire ; comment on avait peuplé le bureau de bienfaisance d'adversaires du maire, qui se livraient aux abus de pou voir les plus burlesques ; comment l'or donna leur avait emporté chez lui les ar chives du bureau de bienfaisance et s’était arrogé le droit de convoquer luimême la commission administrative ; comment enfin, le sous-préfet s était permis d’adresser au maire une lettre inconvenante, dans laquelle, au sujet d'un incident provoqué par ses propres amis, il lui écrivait « qu'il n’avait pas l’autorité nécessaire pour administrer la commune. » Mon article avait produit quelque émotion dans la région du Nord ; mais personne n'en avait été plus ému que le sous-préfet de Cambrai. Le sous-préfet de Cambrai veut bien molester les mai res indépendants et bafouer les choix du suffrage universel ; mais il ne veut pas qu’on sache qu’il occupe ses loisirs à cette intelligente besogne. Il écrivit au maire une lettre terrifiante, pour lui de mander comment j'avais bien pu me procurer sa « copie. » Je ne suis pas chargé de renseigner le sous-préfet de Cambrai sur les procédés par lesquels je trouve le moyen d’accomplir mon de voir de journaliste politique, qui est de renseigner le public sur les exactions de l’administration en province. Mais il me convient de le rassurer d’un mot. Les illégalités multiples qui ont été com mises vis-à-vis du maire de Clary ont donné lieu à différents recours conten tieux devant le Conseil d'Etat. Le dos sier de l’affaire est entre les mains des conseils judiciaires et politiques du mai re. Et il ne se passera rien qui ne soit divulgué dans nos colonnes, et au grand jour. Libre à M. le sous-préfet de rechercher une publicité que je me fais une plaisir de lui offrir. Il ne veut pas « lâcher » le maire de Clagny. Je ne le « lâcherai » pas non plus. Cela pourra faire la matière de plu sieurs articles. Il en faudrait un pour ra conter les tentatives véritablement odieuses par lesquelles on essaie de fai re démissionner ce jeune magistrat mu nicipal, tantôt en le menaçant, tantôt en lui faisant offrir de « passer 1 éponge » sur des fautes qu’il n’a pas commises, tantôt en essayant de déshonorer ses collaborateurs. Il y aurait lieu de faire une place d'honneur à l'histoire d'une accusation de faux portée contre son se crétaire de mairie. L’accusation, bien entendu, ne tient pas debout. Elle est dirigée contre un ancien instituteur, un brave homme, que j’ai vu dans mon ca binet. tremblant d'indignation et de co lère devant cette indignité. Il faut que ces ( lioses soient dites, il faut qu elles soient criées pour que ceux qui en dou tent encore sachent jusqu'à quel étiage nos mœurs publiques sont descendues. On avait espéré que le maire démission nerait pour épargner un ennui à son collaborateur.Mais le maire est un hom me, ce qui mérite d'être signalé dans un temps où il en reste si peu. Il n’a pas chanté. En plein conseil municipal, il a mis ses adversaires au défi de poursui vre son secrétaire de mairie — et on n'a pas poursuivi. Alors, on a essayé autre chose. On a essayé do la petite taquinerie dont les suites imprévues ont été relatées dans 1er journaux. Le budget ordinaire de 1909 est voté dans la session de mai 1908. Le 15 mars 1909. il n’est pus ap prouvé, d’où impossibilité pour le maire d'acquitter les dépenses courantes. Mais cet homme brave est aussi un homme ti’eSpril.Ne pouvant payer les employés, il fait fermer la mairie, et renvoie le personnel dans ses foyers. Puis il écrit au sous-préfet (qui va probablement se demander encore comment je me suis procuré ce document) la lettre que voi ci : « Je lie puis que m’en rapporter aux ternies de ma précédente lettre,qui vous avisait de la triste nécessité où je me trouvais de suspendre sine die tous les services de la mairie, à l’exception de l’état civil, par suite de l'impossibilité matérielle de mandater aux employés Je traitement du trimestre écoulé. Sans budget approuvé, (quand celui-ci se trouve entre les mains de l'administra...
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
En savoir plus Données de classification - yildiz
- gervais
- lafferre
- abdul-hamid
- devèze
- bobet
- ismaïl kemal
- didelot
- doûdelle
- hakki
- salonique
- turquie
- paris
- méru
- clary
- sofia
- macédoine
- cambrai
- londres
- beauvais
- union
- la république
- parlement
- napo
- otto
- saloni
- cam
- conseil de préfecture
- union postale
- conseil d'etat