Extrait du journal

Depuis quelques jours plusieurs feuilles parisiennes affirment que la première partie du procès du maréchal Bazaine touche à son terme et que le général Séré de Ri vière achève son rapport. Ils ajoutent que la comoosition du conseil est définitivement fixée, que les noms des membres de ce conseil seront prochainement insérés au Journal officiel et que les débats de cette grande cause pourront s’ouvrir dans un mois au plus tard. D’autres feuilles fixent également les parties du procès qui se raient visées principalement par le rap porteur et déterminent la part qui doit re venir dans ce grand procès au général Pourcet. D’autres écrivains enfin donnent des détails précis et circonstanciés sur les mesures de surveillance dont le maréchal Bazaine serait actuellement l’objet en pré vision d’éventualités qui auraient pu surgir dans ces derniers temps. Si nous n’avons pas reproduit toutes ces informations, émises, nous le croyons, dans le but de faire patienter un public anxieux des conséquences de ce débat si important, c’est que nous étions à même de constater que tous ces bruits étaient prématurés. Le rapport n’est pas encore commencé et l’audition des témoins n’est pas même terminée. On s’occupe actuellement de bien établir la possibilité et même la cer titude des communications qui ont pu exister entre le maréchal et les membres de la Défense nationale. La rédaction du rapport ne viendra donc qu’ultérieurement. Quand on songe, d’ailleurs, à la longueur du siège, aux péripéties de ce drame mili taire, à la quantité de personnages qui s’y sont trouvés mêlés, la lenteur du procès devient toute naturelle. Elle est la consé quence de l’examen sérieux et approfondi auquel on s’est livré, et qui a été tel qu’on pouvait l’attendre de la loyauté si connue de l’honorable rapporteur. Nous ne croyons donc pas être trop loin de la vérité en prétendant que le rapport ne sera prêt que pour la fin de l’année et que les débats ne pourront s’ouvrir que vers la lin du mois de janvier. Il faudra donc encore nous armer de patience ; mais ces retards successifs ne feront que gran dir l’intérêt qui s’attache au dénouement de ce tte terrible aventure. De toutes ces nouvelles, la seule vraie est celle relative à l’activité plus grande de la surveillance, il se pourrait, en effet, que la promenade intempestive du prince Napo léon dans les environs de Paris, la réu nion subite de plusieurs membres du parti bonapartiste, la conduite des personnes attachées au service particulier du prison nier, leurs relations et le relâchement tout naturel provenant d’une longue détention, fussent les causes véritables de ce redouble ment d'attention, auquel d'ailleurs on ne saurait qu’applaudir....