Extrait du journal

— Suite — Mais Rachel avançait toujours, poussée par sa volonté de savoir, car par moment une idée folle traversait son malheureux esprit qui s’était abandonné aux con ceptions les plus fiévreuses et les plus étranges : elle sc demandait s’il était vraiment impossible qu’elle retrouvât*son mari vivant. Elle ne l’avait pas vu étendu froid et sans vie; elle c’avait pas touché le ca davre; nul encore au monde ne lui avait dit : il est mort, c’est fini ! Pas un extrait mortuaire ne lui avait affirmé qu’il lui fallait prendre le bonnet des veuves. Rien donc de matériel ne constatait, en face de sa raison, qu’elle ne reverrait plus Jacob. Rien non plus ne l’empêchait d'es pérer, et parfois, dans cette triste nuit sombre, brumeuse et froide, alors qu’elle suivait cet homme comme le chasseur les fauves, un rayon de joie brusquement étoutfé traversait son âme en deuil, son cœur affligé, semblable à un rayon de soleil entre deux nuages menaçants, et elle se disait : Si pour le voler, avec ce pauvre Jéhu et cette ma’heureuseRébecca, on les avait enfermés «[ans quelque maison solitaire, comme qui dirait au centre de ce grand p ire si entièrement fermé de murs, et que, une fois là, on n’osât pas les tuer,...