Extrait du journal

Plusieurs de nos confrères ont l’air de croire que l’encyclique du pape est arrivée au public français en un mauvais moment, c’est-à-dire en un moment peu propice aux spé culations purement philosophiques ; cela est possible, mais ceci est cer tain : le pape ne pouvait pas mieux parler. La question aussi bien ne se trouve-t-elle pas au fond de la crise ministérielle qui vient de surgir? De quoi s’agissait-il, en effet, dans le débat de jeudi ? De savoir si la politique dite d’apai sement l’emporterait sur la politique dite de combat. On a demandé au gouvernement s’il était pour conti nuer la politique de défense de la République : il a répondu qu’il ne croyait pas que ce fût la meilleure manière de la défendre que de per pétuer dans son sein les querelles religieuses, et tout aussitôt il a été frappé, il est tombé. Frappé par qui ? Par la coalition des partis ex trêmes, par ceux qui ne veulent pas de la politique d’apaisement : les ra dicaux, parce qu’ils croient avoir besoin des querelles religieuses pour entretenir et conserver la clientèle ; les monarchistes coalisés, parce qu’ils se sentent perdus si la poli tique cléricale est décidément rejetée par l’Eglise et si la religion cesse de servir de lien aux rancunes et aux ambitions des partisans des dynas ties tombées. Voilà ceux qui ne veulent pas de la politique d’apaisement. Le pape en veut ; le gouvernement en veut : tous deux ont été frappés par la coalition des partis extrêmes dans la Chambre. Mais il y a quelqu’un qui veut aussi l’apaisement, qui veut l’ordre, la stabilité : c’est le pays. Celui-là, les coalitions de partis peuvent l’in disposer, l’irriter, le rejeter dans la défiance et dans 1 impatience, mais le frapper, non pas. Le pays reste le...