Extrait du journal
Le Miapole te l'Alsenl en Suisse Les partisans du monopole de l’alcool font étalage de l’application de ce système en Puisse, et proclament volontiers qu’il y produit des merveilles. Nous avons déjà montré qu’il était im possible de comparer la France à la Suisse dans la circonstance. En effet, la France produit aujourd'hui plus d’alcool qu’elle n’en consomme, tandis que le service du monopole en Suisse achète à l’étranger la plus grande partie de l’alcool qu’il re vend à ses nationaux. Les graves inconvé nients qui résulteraient pour les produc teurs français de l’application du monopole ne se produisent pas en Suisse, puisque la situation est tout à fait différente. Mais les partisans du monopole font mi roiter surtout les avantages fiscaux du système. Pour eux, ce serait la poule aux œufs d’or, qui permettrait la suppression de la plupart des impôts. Si l'on prend encore l’exemple de la Suisse, il faut en rabattre. Heureusement pour elle, la Suisse n’a pas mis le monopole à la base son régime fiscal. Elle lui a demandé relativement peu et, malgré tout, elle a été trompée dans son attente. Nous avons déjà montré, l’an dernier, les déceptions provoquées par la pratique du monopole. Les recettes ont diminué pro gressivement d'année en année. Or voici que le rapport du conseil fédéral, sur l’exercice 1895, fait connaître un nouveau recul dans le rendement du système. En effet, le.produit nets du monopole a été, pour chacune des cinq dernières an nées : en 1891, de 6,012,000 fr.; en 1892, de 5,779,000 fr.; en 1893, de 5,368,000 fr.; en 1894, de 4,913,000 fr.; enfin, en 1895, de 4,810,000fr. Il n’y a pas eu une seule année dont le rendement ne fût pas inférieur à celui de l’aimée précédente. Déjà, en 1892, on constatait une diminution dans le rende ment d’un tiers sur les prévisions faites lors de l’établissement du monopole en 1887 ; à la fin de 1895, cette déception attei gnait la proportion de 45 0/0. On peut donc affirmer hautement qu’en Suisse le monopole a manqué à toutes les promesses faites en son nom au point de vue fiscal. Le fait est absolument patent. Les partisans du système — car il en est toujours en Suisse, quoique le nombre de ses adversaires y augmente notablement — ne sont pas effrayés par ce résultat. Ils ne se cachent pas pour dire que le but pour suivi par le gouvernement fédéral était beaucoup moins (le trouver une ressource fiscale que d’enrayer l’alcoolisme. A leurs yeux, ce but est atteint, puisque la consom mation de l’alcool diminue graduellement. Nous ne demandons pas mieux que de nous incliner devant ce raisonnement, car nous n’avons pas à chercher quelle part la fraude peut avoir dans la réduel ion de la consommation de l’alcool légal, mais qu’on ne nous parle plus de la Suisse comme le modèle d’une révolution fiscale obtenue par le monopole de l’alcool. On a demandé aux conseils généraux d’émettre des vœux en faveur du monopole de l’alcool ; quelques-uns ont suivi cette impulsion. Nous doutons fort qu’ils eussent adopté ce vœu, si, au lieu d’un mirage trompeur, on leur eut exposé les faits d’expérience qu’on vient de lire....
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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