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La République française, 24 août 1882

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La République française
24 août 1882


Extrait du journal

Il parait que le banquet de Challans a eu son lendemain et même son sur lendemain, et que le féodal amphitryon n’a pas voulu laisser partir ses hôtes avant de leur avoir fait goûter tous les plaisirs de la campagne. Après le festin sont venus les jeux et les promenades pour l’élite au moins-des convives ; les chevaliers changés en bergers ont rou coulé sous les ormeaux. Il y a des jour naux tout exprès pour nous raconter ces choses et pour dire au pied de quel arbre un illustre chevalier, dans ses ébats, a perdu son cœur, qu’une belle dame a retrouvé. Il fallait bien, sans cloute, que les royalistes après l’impo sante réunion de la salle XVagram eus sent aussi leur manifestation, et avec leur banquet de trois mille couverts sous les tentes fleurdelisées, aux accents belliqueux des fanfares, ils peuvent ce permettre quelque dédain pour le club enfumé de MM. de Cassagnac et A «li gues. Le dédain qu’ils professent les uns pour les autres n’approche pas cepen dant du mépris et du ton de raillerie gauloise ' que la démocratie française conserve pour eux tous indistinctement. On a pu feuilleter tous les journaux quels qu’ils soient, à quelque nuance qu’ils appartiennent, pourvu qu’ils ne portent point les couleurs authentiques de la monarchie et do l’empire, il n’y en a pas un qui ait parlé sérieusement de la réunion do la salle Wagramjou du ban quet de Challans. Le côté ridicule de ces manifestations est tellement en relief, le- grotesque de ces conjurations contre la souveraineté du suffrage universel et contre le gouvernement de la Ré publique saute tellement aux yeux et détonne si complètement avec l’état du pays, avec les mœurs et les habitudes de la nation, avec le tour de l’esprit public, qu’on craindrait de passer pour naïf sî on en parlait gravement. On croirait faire tort à son jugement et à son bon sens, se ridiculiser soi-même aux yeux de ses contemporains, si on osait parier sans rire de ces burlesques comédies. Cela n’est-il pas assez significatif ? Et ne comprend-on pas que des gens qui eu sont là, noyés dans une telle profondeur de ridicule, sentent le be soin do faire les plus violents efforts pour se relever et pour ressaisir la corde de sérieux ? Mais c’est peine perdue. Plus ils se travaillent pour paraître graves et redoutables, plus leur situa tion de pitres éclate dans toute sa beauté. C’est une situation immuable ; ils ne la perdront plus, et, en ce sens, ils ont cette admirable bonne fortune de nouvoir braver les révolutions. Les „...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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