Extrait du journal
C’est une croyance assez générale, nous allions écrire : c’est un préjugé fort com mun et très répandu, que la France, comme les autres nations d’ailleurs, ne faisait qu’un commerce d’échanges assez restreint avec l’étranger, avant la conclu sion des traités de 1800, et que ce sont ces traités qui, par leur merveilleuse puissance, ont développé tout à coup ce commerce et enrichi notre pays. Et làdessus en ne manque pas de faire miroiter de gros chiffres. Voyez, dit-on : nous atteignons, en 1888, au chiffre énorme de 7 milliards 203 millions et demi de francs pour no tre commerce d’échanges, dont 4 milliards 53 millions à l’importation et 3 milliards 210 millions et ‘demi à l’exportation. N’est-ce point satisfaisant ? Soit ; tenons-nous-en à la satisfaction que causent les gros chiffres et examinonsles comparativement à ceux des époques précédentes. Cet examen seul peut nous montrer si les progrès accomplis depuis 1860 sont aussi grands et aussi réeis qu’on le prétend, et si les traités ont donné les profits qu'on en attendait. Remontons à une période de dix ans, avant les traités, en 1850, par exemple, et voyons où en était notre commerce d’échanges avec l’étranger. En 1850, notre commerce spécial n’é tait que de 1,859 millions de francs, dont 791 millions à l'importation et 1 milliard 08 millions à l’exportation. Nous dirons plus loin pourquoi ces chiffres étaient alors si peu élevés. En 1860, dix ans après, "bien que nous n’eussions pas encore de traités, ce même commerce spécial, comme nous le disions dans un précédent article,atteint à 4 mil liards 174 millions, en augmentation de 2 milliards 315 millions. Ainsi, en dix ans, sans traités de commerce, nous réa lisons ce progrès énorme qui donne une moyenne de 231 millions et demi par an. Si nous considérons les seules exporta tions, nous constatons que de 1,068 mil lions, en 1850, elles sont arrivées, en 1860 à 2 milliards 277 millions, ce qui réalise un progrès de 1,109 millions, soit 211 raillions de francs par an en chiffres ronds. Ainsi, de 1850 à 1860, Sans traité de commerce, nos exportations se sont accrues de près de 1,110 millions de francs, c’est-à-dire de 111 millions par an ! Nous insistons sur ceo chiffres üarce qu’ils donnent le plus éclatant dé menti à ceux qui prétendent que, sans traités de commerce et sous un régime protecteur, le trafic avec l'étranger est impossible ou du moins très pénible et ne se développe pas ; qu’il faut pour déve lopper ses relations un régime libéral. Nous avons adopté, en 1860, ce régi me libéral et nous l’avons continué en 1881 ; examinons donc ce qui s’est passé depuis lors et ce que nous avons gagné. En 1888, c’est-à-dire après vingt-huit ans de ce régime des traités , nous re trouvons notre commerce extérieur à milliards 263 millions et demi, dont 4 milliards 53 millions pour les importa tions et 3 milliards 210 millions et demi pour les exportations. C’est en vingtmit ans une augmentation de 3 mil liards 89 millions et demi, soit environ 110 millions par an. Or nous venons de voir que l'augmen tation annuelle, pour la période des dix ans qui ont précédé les traités, avait été de plus de 231 millions! Venons aux seules exportations, ce qui est toujours, quoi qu’on pense de la ba] ance commerciale, le point capital. Nos exportations, comme on vient de le voir, sont passées de 2 milliards 277 millions, chiffre quelles atteignaient en 1860, à 3 milliards 210 millions et demi en 1888. Le progrès réalisé n est donc, dans cette période de vingt-huit ans, que de 933 mil lions et demi, soit un peu moins de 34 millions par an. Or nous avons vu que, dans les dix années qui ont précédé les traités, nos exportations ont progressé en moyenne de cent onze millions par année! Telle est la vérité; il n’est pas d’esprit, quelque prévenu qu’il soit, qui puisse ré sister à l’évidence de ces démonstrations. Expliquons maintenant les raisons de ce mouvement et disons pourquoi les cho ses se sont ainsi passées. C’est qu’en réalité les traités ont joué, en ces affaires, un rôle bien moins grand que celui qu’on leur attribue. Ce qui a été la cause déterminante de cet essor commerciel si grand, c’est le développement des voies de communication de toute sorte : postes, télégraphes, bateaux à vapeur, chemins de fer. Avant 1850, en effet, presque rien de tout cela. Pas ou peu de chemins de fer ; pas de télégraphe ; navigation à vapeur à peu près insigni fiante. Mais, à partir de cette époque, quels changements et quels progrès! La France, comme les autres pays, se couvre d’un vaste réseau de voies ferrées ; le télégra phe est installé à peu près partout dans cette période de dix ans ; les câbles sousmarins commencent à fonctionner. Les grands services de navigation se créent ;...
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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