Extrait du journal

A LA CHAMBRE On a commencé par parler avec une im pétuosité assez aigre de choses qui vien nent de loin. Ces choses viennent en effet de Madagascar. Elles ne sont pas sans intérêt, il s’en faut, mais ne justifient pas l’importance effarée avec laquelle MM. de Lanessan et Georges Perin ont cru devoir en entretenir la Chambre. C’est toujours le même système, qui consiste à prêter au gouvernement de la République de lou ches et perfides desseins. A en croire les orateurs de l'extrême gauche, acclamés du reste par la droite, le gouvernement ne voudrait rien de moins, et sans avoir l’air d'y toucher, qu’entreprendre à Ma dagascar une expédition périlleuse et coûteuse. Et cela, à la barbe du Parlement trompé et bâillonné. Il y a mieux : cette expédition est commencée, et i! importe que le gouvernement dise à voix claire ce qu’il a fait et compte faire. M. le ministre de la marine, puis M. le président du conseil, qui a dû monter à la tribune à plusieurs reprises, ont fait voir jusqu’à l’évidence que la soi-disant expédition de Madagascar est si peu une expédition, que nous n’y avons pas perdu un seul homme — pas un seul ! Quant aux négociations engagées avec le gouvernement hova, elles l’ont été par le cabinet précédent, et ce n’est pas au moment où elles vont aboutir qu’il serait opportun de crier sur les toits comment on va s’v prendre pour quelles aboutissent. Mais on connaît la façon hardie et franche dont M. Jules Ferry a coutume de poser les questions. Après avoir tenu ce langage sensé et auquel on ne sau rait guère répondre, Il s est hâté d’ajou ter: Si ces explications ne vous satisfont pas, vous n’avez qu’à nous interpeller. Soit! s’est écrié M. de Lanessan. Il a été entendu que l’interpellation serait dis cutée dans quinze jours. De Madagascar on est allé à Taïti. C’est encore M. Georges Perin qui n’é tait pas content. Il s agit du palais de Pomaré V. Le gouvernement demande 35,000 francs pour la construction de ce palais, et le député de l’extrême gauche l’accuse de gaspiller les richesses de la France et de vouloir en faire voir de grises au Parlement. Mais c’est le traité d’annexion, a répondu M. Félix Faure, qui nous oblige à mettre ainsi Pomaré à l’abri des coups de soleil. D’ail leurs, tout a été conclu en douceur, et...