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La République française, 25 juillet 1898

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La République française
25 juillet 1898


Extrait du journal

Tous les départements sont en pleine activité électorale ; comme il n’est pas une circonscription qui n’ait à élire soit un conseiller général, soit un conseiller d’arrondissement, c’est la France tout entière qui est appelée de nouveau en consultation,et il sera vraiment curieux de savoir, à deux mois de distance, si son état d’esprit est resté partout le même ou s’il s’est sensiblement modifié. Le parti radical-socialiste voit son rêve réalisé au delà de ses espé rances ; il est au pouvoir et il croit avoir, pour la réussite des élections, tous les atouts dans son jeu. Il n'a, il est vrai, rien épargné pour assurer son triomphe : il a exécuté, sans pitié, tous les préfets et sous - préfets suspects de tiédeur, et, pour terroriser les autres, il annonce chaque matin qu’il prépare de nouveaux massacres pour le lendemain des élections. Si le cabinet précédent avait fait pareilles choses à la veille des élec tions dernières ou pendant la période électorale, il n’y aurait eu qu’un cri contre lui dans le camp radical et on l’aurait avec fureur dénoncé à l'indi gnation publique pour attentat à la liberté du suffrage universel. Nous n’en ferons pas autant et nous nous bornerons, pour le moment, à pren dre acte des procédés électoraux inaugurés par le parti au pouvoir ; mais qu’il ne nous parle plus désor mais de candidature officielle : il en a perdu le droit à tout jamais. Il espère par cette pression à haute dose intimider et faire marcher le corps électoral ; il escompte déjà la grande victoire qui permettra de pro clamer que la France est décidément radicale et même radicale-socialiste. Nous aussi, nous attendons le résul tat du nouveau verdict que le pays va rendre, et, malgré les conditions d’in fériorité dans lesquelles nous livrons la bataille, nous l’acceptons sans crainte. Nous avons pour cela autre chose que des espérances. Les nouvelles qui nous arrivent d'un très grand nombre de départe ments sont excellentes. Partout on nous affirme qu’il y a un réveil de l’opinion publique qui nous ménage plus d’une surprise agréable ; c’est dans les régions mêmes où le radica lisme a obtenu récemment ses plus grands succès que le mouvement est le plus significatif. Les électeurs, un instant surpris, se ressaisissent ; ils font maintenant un retour en arrière, passant en re vue toutes les fausses nouvelles, tous les mensonges éhontés, toutes les promesses^ fallacieuses qui les ont égarés et trompés. Ils rougissent et s’indignent d’un charlatanisme élec toral qui éclate maintenant à tous les yeux. Ils ne comprennent rien à ce qui se passe depuis deux mois ou plutôt ils le comprennent trop. Il y a deux mois, on les faisait voter en leur di sant que c’était la politique protec tionniste de M. Méline qui affamait le pays et qui était cause de la cherté du pain ; on faisait campagne, une véritable campagne d’émeute, contre le droit sur les blés. Et voilà que les mêmes candidats qui dénonçaient, hier, aux fureurs populaires, les affameurs du peuple, à peine arrivés à la Chambre, se font eux-mêmes affameurs en votant le rétablissement de ces droits maudits dont ils avaient promis la suppression. On devine aisément ce qui s’agite dans l’esprit des braves gens ébahis qui lisent sur les murs de leurs com munes les affiches, toutes chaudes en core. des filous politiques qui leur ont si lestement subtilisé leurs voix. Il est d’autres électeurs qui ne sont ni moins surpris ni moins exaspérés. Ce sont les naïfs campagnards aux quels on avait persuadé si facilement qu’ils ne paieraient plus d’impôts, que tous ceux qui avaient moins de 2,500 francs de rente seraient dispensés d’aller chez le percepteur le jour où le parti radical socialiste arrive rait au pouvoir. On voit d ici avec quel entrain, quelle conviction, les pauvres diables faisaient pleuvoir dans l’urne les bulletins radicaux et socialistes, avec quelle impatience ils attendaient l’avénement du cabinet radical, qui devait enfin exécuter tous les riches ! Il est arrivé, le cabinet radical, plus tôt qu’ils ne l’espéraient, et aussitôt des millions de contribuables ont levé les yeux sur lui, attendant la manne céleste qu’on leur avait promise. Amère déception 1 Au lieu de pren dre le programme fiscal des candidats radicaux qui l’avaient porté au pou voir, il prend celui des candidats modérés qu’il avait combattu. Il n’est plus question d’exempter d’im pôts ceux qui ont moins de 2,500 fr....

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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