Extrait du journal

Dès l’ouverture de la session pro chaine, la Chambre va commencer — enfin — la discussion du budget de 1888 et aura besoin de toute son at tention et de toute sa clairvoyance pour s’y reconnaître. Elle se trouvera, en effet, en présence non point d’un seul budget, suivant une coutume de venue surannée, mais de deux budgets au moins, sinon de trois, et même de quatre : — le budget primitif de MM. Goblet et Dauphin, le budget rectifié de M. Bouvier, le budget nouveau de M, Tirard, et enfin le contre-projet de la majorité de la commission du budget, déposé par M. Yves Guyot. Qu’on ne dise pas que M. Dauphin a disparu et son budget avec lui. Ses collaborateurs les plus distingués sont restés dans la Chambre : ils croiront certainement se devoir à eux-mêmes de justifier l’œuvre financière dont ils avaient accepté la responsabilité et d’exposer en pleine lumière les beau tés de la reconstitution des capitaux, qui laisse bien loin derrière elle la gé nération spontanée, et les bienfaits de l’impôt progressif sur les pères de famille à raison du nombre de leurs enfants. Lorsqu’on a eu, une fois dans sa vie, la chance de découvrir de telles vérités économiques et sociales, on ne saurait, sous levain prétexte qu’on a été renversé du pouvoir par une Chambre ingrate et aveugle, se ren fermer dans le silence et priver de la lumière ses contemporains et leurs descendants. Nous aurons donc un premier dé bat sur ce premier budget. Puis, second débat sur le projet de notre honorable ami M. Bouvier, qui restera en définitive le projet du gou vernement, sauf les modifications que l’honorable M. Tirard, avec sa haute...