Extrait du journal

A la suite du dernier attentat, le parlement a menacé la presse d’un faisceau de lois restrictives, aussitôt toutes les feuilles tarées ont crié comme un seul homme : Haro sur l’anarchie! l’accusant de compromettre par la hardiesse de scs théories et la violence de ses démonstrations, la chère liberté d’écrire. Des écrivains que les murs de Sainte-Pélagie englobent et d’autres encore que l’exil protège contre les tribunaux, savent à quoi s’en tenir sur cette liberté et les lois nouvelles qui auront pour but de la restreindre ne pourront rien changer à bruir condition. Elle s’est aussi lamenté, la douce presse, sur le sort des malheureuses victimes; elle a pleuré les existences détruites subitement, la vanité des espoirs désormais inutiles, les jeunes épouses laissées seules dans l’indescriptible calme de la lutte pour la vie et les pauvres petits privés de pères. Mais la longue tirade sur les « lâches assassins dont l’anonymat assure l’impunité, ressemble fort à la chanson que chante le voyageur poltron sur une route obscure pour se donner l'illusion de la bravoure....