Extrait du journal

Camille Desmoulins n’a pas seulement raconté dans son journal, les Révolutions de France et de Brabant, les événements de la politique. Il décrit l’aspect des séances de l’Assemblée constituante, les tempêtes qui s'élèvent dans ce « Congrès », F « infernal charivari », le « sabbat » que font les aristocrates et le calme des démocrates, qui laissent leurs adversaires s’égosiller et attendent « que le rhume et la toua les aient forcés de se répandre dans les rues voisines pour y chercher de la pâte de guimauve ». Il trace l’image des députés les plus célèbres, de ceux qu’il nomme quelque part les chefs d’opinion elles tenants de la tribune. « Notre Pluturque français, dit-il, le dictionnaire de nos grands orateurs s’accroît prodigieusement, car la liberté est bonne à tout. » Aussi, peut-on détacher de son journal une sorte de galerie de la Constituante et une série de profils parlementaires. Non qu’il représente exactement le rôle des personnages. Non que ses portraits soient toujours d’un observateur sagace et profond. Non qu’il soit équitable et impartial. Le gazetier, pétulant, impétueux, juge souvent avec précipitation; il est entraîné par l’exaltation de ses sentiments et, à l’entendre, le tiers seul a du génie ; il se répand en invectives contre ses adversaires; il ne résiste pas à l’envie de lâcher un bon mot, fût-ce aux dépens de la vérité ; il a en lui un mauvais démon qui le pousse à déprécier ce qu’il préconisait, à rabaisser ce qu’il élevait naguère. Mais la suite de ses croquis offre un tableau, sinon...