Extrait du journal

I. LA CHINE (1). L'un des caractères particuliers de la civilisation moderne, la tendance à l’uniformité universelle, est un des faits les plus saillants qui ressortent de l'Exposition. Que l’on parcoure successivement les différentes galeries attribuées à la France, à l’Angleterre, aux États-Unis et aux autres puissances de famille européenne, on est sûr d’y retrouver invariablement les mômes machines, les mômes étoffes, les mômes meubles, les mêmes vêtements, ceux-là mêmes que nous voyons tous les jours dans les ateliers de nos fabricants ou dans les étalages de nos magasins les mieux achalandés. C’est à peine si de loin en loin un objet perdu dans la masse a conservé dans sa forme ou dans son aspect quelque chose de national et décèle à l’œil par un signe certain son origine étrangère. Encore est-ce une vieillerie dont un reste d’habitude a fait perpétuer l’usage, mais que la prochaine Exposition ne verra certainement pas reparaître. En un mot, dans les pays de race blanche, la civilisation promène son niveau égalitaire, ramenant tout au môme type, effaçant les moindres saillies, comblant les plus petites dépressions, sans respect pour les traditions, les mœurs et les exigences du climat. La mode, cette courtisane du progrès, a impitoyablement proscrit tout ce qui pouvait trancher sur l’ordinaire, et, pour pouvoir rayer du dictionnaire des nations les mots supériorité et infériorité, elle en a rayé du même coup le mot originalité....