Extrait du journal

Le roi d’Italie a rendu, il y a un mois, à l’empereur d’Allemagne, la visite que Guillaume II était allé lui faire à Rome. Les souverains et leurs conseillers n’ont prononcé que des paroles .pacifiques : à les en croire, la Triple alliance n’a pour but que la paix de l’Europe. Si l’on déploie dans ces cérémonies le plus grand appareil militaire, c’est que la paix tant désirée par les peuples et par les princes ne saurait, paraît-il, reposer sur une mutuelle bienveillance, mais seulement sur une terreur salutaire. La crainte de la guerre est devenue le commencement de la sagesse. Il semble que l’armée ait changé de rôle et que, loin d’être comme, autrefois l’instrument de la force nationale, elle soit avant tout aujourd’hui un outil de civilisation. Il semble que l’État moderne ait trouvé en elle un nouvel organe destiné à des fonctions nouvelles et que n’avaient point prévues les publicistes allemands jusqu’à Bluntschli et Holtzendorff, ni les ministres jusqu’à M. de Bismarck — exclusivement....