Extrait du journal

Que M. Jules Simon n’envie rien aux grands hommes : comme eux, il a sa légende avant même d’avoir une histoire. Il s est montré sous tant de faces diverses qu’on ne sait plus au juste s il est un ou plusieurs. Où le prendre? où le saisir? A qui voulez-vous parler ? à l’auteur de la Liberté de conscience, ou au ministre qui n’a pas autorisé les conférences religieuses du Père Hyacinthe? à l’ami des évêques, au futur cardinal, ou au philosophe de la Religion naturelle? au républicain ou au conservateur? Non, ce n’est pas la même plume qui a écrit le Commentaire de Proclus sur le Timée de Platon et la Politique radicale. Non, l’orateur sévère et boutonné des assemblées de petits bourgeois bien sages elle tribun ardent des réunions populaires, qui donne à sa crainte et à son éloquence un air plus négligé, ne sauraient être le même homme. Ouvrez les livres de morale qui portent son nom : c’est un stoïque aux yeux secs, et pourtant dans la vie publique il est plus tendre et plus sensible que le pieux Enée. L’embarras de Sosie n’est rien auprès du mien. Où est-il? que je le voie ! que je lu sente!...