Extrait du journal

Parlons d’abord de M. Alma Tadéma. Il a trouvé le moyen d’être à la fois artiste et archéologue. Ses scènes égyptiennes, grecques et romaines attirent le public en un temps où l'antiquité n’est plus guère de mode. Il y a en lui de la bizarrerie souvent; souvent aussi l’air manque un peu dans ses tableaux ; mais il possède un charme de coloris auquel il est bien difficile de résister. Personne n'a rendu comme lui les tons laiteux, les reflets bleus ou verdâtres des marbres blancs antiques. Son harmonie, sans manquer d’éclat, est pleine de douceur : il semble que le regard s’y caresse. Ses deux Ateliers du sculpteur et du peintre, où ne se reconnaîtraient peut-être guère les anciens s’ils pouvaient ressusciter pour les voir, nous plaisent infiniment à nous autres modernes; pourtant je préfère encore, et de beaucoup, à ces deux toiles le petit tableau V Audience chez z Agrippa, qui figurait au Salon de 1877. L’Agrippa en toge de pourpre descendant les degrés de son palais, la foule des clients qui le suit; au fond, l’atrium avec ses marbres de toute couleur qu’éclaire d’en haut un rayon de soleil ; les esclaves du premier plan courbant la tête devant le maître qui va passer, on ne saurait guère imaginer un ensemble plus heureusement arrangé pour le plaisir des yeux....