Extrait du journal

Paris, 19 avril 1823. C’est hier, en rentrant de la chasse, que j’ai reçu, cher enfant, ta lettre du 14. Tout ce que tu me dis de toi, de l’armée et des heureuses dispositions du pays, me fait le plus sensible plaisir. Que tout cela continue, que le Ciel te protège, et j’aurai force et courage pour attendre le jour si heureux de ma réunion avec ton ménage. Je vois cependant avec un peu de peine, qu’il n’est pas encore question de la reddition des places ; que Moncey ne pourra passer la frontière que le 25 de ce mois, et que par conséquent tu ne passeras pas l’Ebre avant le 15 mai. On dit aussi qu’il pourrait bien y avoir une affaire un peu sérieuse du côte de Saragosse, si Mina réunit ses forces à celles de Ballasteros, et, ce dont je doute, si ces deux chefs veulent risquer une bataille. Ces retards indispensables te retiendront sûrement quelque temps à Vittoria ou dans les environs, et t’empêcheront de pénétrer promptement en Castille. On pense généralement que la conduite, que tiendront les deux Castilles, aura une grande influence sur l'opinion de l’Espagne. C’est cependant celte opinion des Espagnols qui peut assurer, consolider tes forces, et abréger une expédition, qu'il est si important pour mon cœur et pour le bien général, de voir terminer promptement et honorablement. Je ne te dirai rien de la partie des subsistances, ni...