Extrait du journal

LA GUERRE DANS LE SUD DE L'AFRIQUE Cette guerre africaine, au point de vue purement militaire, est des plus curieuses à étudier. On y voit en présence deux peuples également civilisés, c’estdédire ayant profité dans l’art de la guerre de toutes les inventions plus ou moins ingénieuses des industries modernes pour se procurer un matériel aussi parfait que possible, tous deux imbus de sentiments patriotiques très élevés et, par conséquent, décidés à succomber plutôt que ?de voir leur drapeau disparaître des contrées qu’ils défendent. Si de ce côté ils peuvent être en tous points comparables, d’un autre, ils offrent les dissemblances les plus marquées. certes, dans l’une comme dans l’autre des deux nations actuellement en conflit, le soldat est brave, dévoué, prêt à l’abnégation absolue, mais quelle différence entre les deux organisations militaires! En Angleterre une armée de métier, bien encadrée, pourvue de tous les services que peut réclamer la conduite d’une guerre européenne. Au Transvaal, de simples citoyens, n’ayant qu’une instruction militaire des plus rudimentaires, des cadres en quelque sorte négatifs et rien que des hommes et des armes. A première vue, on aurait pu assurer que les Anglais, quand ils voudraient s’en donner la peine, ne feraient qu’une bouchée des Boers, et pourtant voilà des mois que la lutte est entamée, et, malgré l’augmentation successive de l’armée anglaise qui atteint en ce moment 120 000 hommes, les Boers qui n’en ont guère plus de 100 000 à leur opposer sont toujours dans la même situation, défensive il est vrai, sur le territoire ennemi. Cela donnerait à entendre qu’une armée de...