Extrait du journal
Paris, 27 mai 1887. Le 17 mai, à la Chambre, à la tribune du moins, il y avait accord touchant pour proclamer que la question en jeu n’était pas politique et que les partisans résolus de l’équilibre du budget, à quelque parti qu'ils appartinssent, devaient réunir contre un ministère qui paraissait renoncer à l’obtenir par des économies. Sous cette attaque le ministère est tombé On pouvait le prévoir. M. Goblet n’avait pas eu la main heureuse dans le choix du ministre des finances Comme l’amour, paraît-il, l’amitié est aveugle. Cela touchait à la comédie. Ce soi-disant ministre, qui avait devant lui des moyens tout indiqués, n’y a prêté qu’une attention distraite. La répression des fraudes, qui rapporterait au Trésor, au bas mot, 75 millions par an, tout en satisfaisant la morale et la justice, il l’a tranquillement commissionnée. Il serait facile de remanier une forte partie de la Dette publique en convertissant résolument l'ancien Zi 1/2, les obligations trentenaires qui ont dépassé le pair, les bons de délégation ; on pourrait ramener au taux de 3 pour 100 l’intérêt des caisses d’épargne, comme on a été sur le point de le faire l’an dernier; mais d’autres soins occupaient M. Dauphin. Se reposant mollement sur l’échec de son projet d’impôt sur le revenu (pas d’impôts nouveaux, avait dit la Chambre), il rognait et grattait sur les appointements du personnel ; il se serait remis à gratter et à rogner pour peu qu’on l’en eût prié. Il est allé jusqu’à supprimer de sa propre autorité, illégalement, dans le budget de 1887, voté par les deux Chambres, des crédits alloués spécialement à des comptables du Trésor pour une besogne supplémentaire qui augmentait leurs dépenses personnelles. Il a fini par apporter à la commission du budget, d’un air dégagé et triomphant, quelques centaines de mille francs d’économies. La Chambre a estimé que ce n’était pas sérieux. D’où la crise qui renverse du pouvoir plusieurs ministres capables, solidaires, de par la Constitution, de l'incapacité insouciante de M. Dauphin....
À propos
Fondée en 1871, La Revue politique et littéraire est un hebdomadaire culturel très populaire, aussi connu sous le nom Revue bleue. Elle obtient ce surnom grâce à son papier bleu et par opposition à la Revue scientifique du même éditeur, appelé Revue rose. Très varié dans son contenu, le titre est aussi dérivé dans son format de la Revue des Cours littéraires, qui publiait les cours du Collège de France.
En savoir plus Données de classification - boulanger
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