Extrait du journal

Dieu, quel ennui I Toujours avoir l'esprit des autres, Et n'en chercher cour soi que lorsqu'on n'en a plus ! Au diable les manants, truands ou bons apôtre-». Qui me paient tous les jours en serments superflus ! Vous avez du talent! me dit-on. Que importe ? Quand j’aurai fait vingt ans le métier de bouffon. Me faudra-t-il encore frapper à chaque porte Comme un fauve échappé des livres de Buflon ? Kang de Dieu ! Le papier grognera sous ma plume Pour tâcher «le trouver une gloire d'emprunt, Et je serai toujours payé par l'amertume Qui gruge sans pitié jusqu'à mon sens commun ? Non, non ! Quand mon cadavre, à quelque amphithéâtre Sous le scalpel affreux grincera de courroux. Mon cœur protestera contre un masque de plâtre Qu’on a collé sur moi sans consulter mes goûts. Crève donc, pauvre chien ! Meurs sans une prière, Sans une flamme au cœur, sans une ombre «l’amour ! Le corbillard du pauvre attelle ton ame altière ; Depuis assez Longtemps tu fais |>eur. même au jour. Retourne à ton néant, triste matière immonde, Vil excrément humain par le riel dévastés. Tu n'étais rien jadis, et qu’es-tu dans ce monde, Toi qui. jusqu’au tombeau, crus à la Liberté? Va ! la mort te poursuit de son sourire étrange ; Qu'il est horrible et froidi son infernal baiser! Moi, poète, j’avais rêvé celui d’un ange... N’aime-t-on pas toujours ce qui doit nous briser? Que ne puis-je verser sur ma jeunesse éteinte Cette larme du cœur oui croit au lendemain ? Bah ! Que sert, après tout, la douleur ou la plainte, Quand on trouve le vide en cherchant une main ? Lorsque tu dormiras sans bruit, pauvre bohème, Peut-être dira-t-on que chacun de tes vers A cherché vainement un idéal suprême, Pour pourrir de souffrance ou chanter tes revers. Alors, se réveillant comme de léthargie, Tes 08 décomposé-» «lanceront le chahut, El s’en retourneront, tout pantelants d’orgie Dans ce cloaque impur qui. seul, saura ton but!...