Extrait du journal

Vieux pacifiste ,j’ai de plus en plus horreur de la guerre. Je me souviens des maux sans nombre de la dernière. Je sais ce que la victoire nous a coûté ; je vois ce qu’elle est devenue. Nous songeons à nos morts : quinze cent mille enfants de France parmi les meilleurs sont tombés pour le droit, dans l’espoir d’une paix définitive. Un bien plus grand nombre ont saigné dans leur chair et souffert en leur âme. Et les ruines. incalculables !... Alors, comment concevoir que certains aient pu envisager sans frémir et même vouloir un nouveau massacre plus atroce encore que les précédents ? Inconscience ? Egoîs me? odieuse perversité ? Notre pays, sorti pantelant de la tourmente, beaucoup plus éprouvé que ses alliés et ses adversaires, a été plus lent à se remettre de ses maux et à réparer ses ruines. Tandis que les voisins croissaient rapidement en nombre et réarmaient à outrance, il a *vu sa natalité diminuer, ses vieilles rivalités de partis s’accentuer, la durée et le rendement du travail baisser, l’armement se ralentir, les marchés extérieurs se fermer, un ancien allié nous devenir hostile, d’autres, inquiets de nos luttes intestines, se détourner peu à peu de nous, d’une France où grondait la révolution... Alors ,les dictateurs ont jugé le moment opportun de déclencher une violente offensive, dans l’espoir d’une guerre promptement victorieuse. Aussi la presque unanimité de la population française a-t-elle applaudi à «l’œuvre de raison cordé de Munich pour l’Europe »....