Extrait du journal

t)e mauvaises nouvelles nous parviennent du Maroc où l’agitation» toujours à l’état chronique, tend à devenir plus inquiétante. Et cependant ce pays mérite mieux que son sort. Situé dans la zone tempérée, arrosé par les pluies qui viennent de la Méditerranée et de l’Océan, il devrait être le grenier d’abondance de l’Afrique septentrionale. Tandis que ses voisins de l’Est souffrent quelquefois de la sécheresse, lui n’aurait à se plaindre que du trop grand nombre de déluges bienfaisants qui l’inondent régulièrement et font pousser les hautes herbes de ses prairies. Nulle part, dans l’immense Afrique, n’existe de territoire plus beau, plus varié, plus riche... Quelbues poignées de blé, jetées sur le terrain à peine écorché par la charrue indigène, donnent des récoltes superbes. D’immenses troupeaux de bœufs, de moutons, de chevaux et de mulets paissent dans les hautes herbes grasses. Un beau mouton vaut trois francs sur le marché, un bœuf dépasse rarement quarante francs. Les montagnes, non pas nues, fauves et sèches, mais chevelues, vertes, parcourues d’eaux vives, sont couvertes de hautes et d’immenses futaies....