Extrait du journal

Je viens de lire les trois volumes de « Ma Vie » par Léon Trotzky, avec par conséquent un r; tard que je regrette. Peu d'ouvrages sont aussi captivants. Outre l’intérêt documentaire de ce livre, qui n’est pas mince, on y voit se peindre — et, chose curieuse, sans que l’auteur paraisse céder à la vanité — une puissante figure de chef. Trotzky se range décidément, avec Lénine, dans la lignée des grands hommes d’Etat de la Révolution, près de Cromwell et de Robespierre. Il est juste de le «lire, pour répondre aux absurdes calomnies qui le représentent comme un simple massacrer. Au reste, ces légendes sont tenaces; ne voit-on pas encore, jusque dans les manuels scolaires, assimiler Robespierre à un monomane de la guillotine, hypocrite et féroce ? La dernière histoire de la Révolution française, que viennent de publier trois savants considérables, MM. Sagnac, Guyot et Lefebvre, consacre enfin la réhabilitation de celui dont M. Mathiez s’était fait l’ardent avocat, et rend à Robespierre, avec la probité, le courage et le désintéressement, une rare clairvoyance politique, le sens exact des réalités et un vif désir de justice et de clémence. Allons ! il ne faut pas désespérer des procès en révision, à condition de pouvoir attendre leur fin ! Mais revenons à Trotzky....