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La Vie littéraire, 23 août 1877

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La Vie littéraire
23 août 1877


Extrait du journal

Bien souvent au milieu d’une veille obstinée, Sur ma tâche sans fin courbé péniblement, Aveugle que conduit l’aveugle destinée, Je sens mes bras vaincus tomber d’accablement. Un dégoût infini me vient du cœur aux lèvres ; Tout en moi se détend, s’évapore et je vois, Comme ces visions folles des nuits de fièvres, Des ombres m’entourer sans corps, sans yeux, sans voix. Cette vie à mes yeux dépouille tout prestige Et je n’en comprends plus ni le but, ni le sens ; Je tremble, je pâlis, je suis pris de vertige Devant l’obscurité du gouffre où je descends. Que suis je dans le temps? que suis-je dans l’espace? Sur ce chemin perdu qui n’a pas de retour Mes pas un jour, un seul, laisseront-ils leur trace ? Qu’est-ce donc que la haine et qu’est-ce que l’amour ? Pourquoi l’effort humain, l’activité, la lutte ? Que pouvons-nous créer qui ne doive périr ? Plus sublime est le vol, plus terrible est la chute, Quand, frappés par la mort, il nous faut artério. Que sont tous ces grands mots dont retentit le monde, Droits et devoirs, progrès, justice, vérité? illusion, néant !... Toujours aussi profonde Est l’ombre où se débat l’aveugle humanité. Qui donc m’expliquera l’énigme de la vie ? Tout est dit, tout tenté ! — La science et la foi L’ont de la terre au ciel vainement poursuivie : L’une et l’autre se heurte à l’éternel « pourquoi » ?...
La Vie littéraire (1875-1878)

À propos

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