Extrait du journal

Le Ministère Daladier justifie toutes nos craintes. Il a même déjà déçu tous les chimériques espoirs qu’avaient mis en lui tant d’incorrigibles optimistes, lesquels d’ailleurs abondent de tous les côtés, qui ferment toujours les yeux devant les réalités pour ne pas les voir, mais ouvrent toutes grandes leurs oreilles pour recueillir les paroles rassurantes et prometteuses par lesquelles ne cessent de les duper les politico:ens profiteurs. Depuis trois semaines ce ministère a accumulé fautes sur fautes. Ses actes sont piteux, et ses inactions sont funestes. La dernière de ses malfaçons est cette brusque dévaluation, qui inquiète pourtant enfin le pays, et non sans raisons, ce repli de notre monnaie, pour nous approprier le charmant euphémisme de nos ministres. Ouatrièmc repli, le troisième depuis l’avènement du I dont populaire, qui lait reculer le franc jusqu’à la dernière tranchée des H centimes. Cette décision, qui a fait l’effet d’une sorte de coup de tonnerre, alors que beaucoup pourtant voyaient, comme nous ici, s’approcher l’orage, est une fois de plus celle d’un goursemant qui n’a jamais son plan bien médité d avance, une ferme volonté, et .qui n’a aucune liberté d’allures, parce qu’il reste sous le joug des puissances occultes, risque fort d’amener la suprême débâcle financière, dont la franco ne se relèverait peut-être pas avant un demi-siècle....