Extrait du journal
Supposons un moment que les jours de la France ont été comptés, et que l’heure où elle doit tomber d’une grande chute est arrivée. Le signal a été donné, et les hordes de barbares sont prêtes. Baskirs, Kalmoucks, Tartares, Cosaques, poussés en flots épais par une main mystérieuse, s’abattent sur Paris. Après une lutte désespérée, la capitale est prise d'assaut, et, comme l’antique Jérusalem, détruite jusqu’en ses fon dements. De cette reine du monde civilisé il ne reste plus qu’un peu de poussière que les vents balaient et dispersent 1 Or, nous demandons si, quelques années après le grand désastre, on eût oublié l’emplacement où s’élevait le monument connu sous le nom de la co lonne Vendôme. Nos lecteurs ont déjà répondu à la question. Parmi les débris échappés au fer du vain queur, un seul compagnon d’armes du guerrier auquel avait été consacré ce trophée militaire eût-il survécu, son témoignage aurait suffi pour perpétuer d’âge en Age le souvenir de la colonne. Par intervalles, loin de l’œil du barbare, on le verrait avec sa femitie, ou ses enfants, ou ses proches, contempler tristement ce tertre dépositaire du bronze conquis sur nos ennemis, et, à défaut de fleurs, l’arroser de ses larmes ; et ses fils, imitant sa piété, répéteraient ses hommages et ses offrandes. Mais un jour, las de ces démonstrations de reconnaissance, le vainqueur veut anéantir jusqu’à la dernière trace du monument insultcur. il se met donc à bouleverser le sol ; il le couvre d’immondices et inaugure sur le détritus fangeux une idole païenne, confirmant ainsi, sans s’en douter, l’authenticité du trophée et l’identité de l’emplacement où il s’élevait. C’est justement ce qui s’est produit à Jérusalem à l’égard du Golgotha et du Saint-Sépulcre. Seulement, au lieu de ce compagnon d’armes qui vient pleurer en secret devant cette poussière où était assis si glo rieusement le diadème impérial, il y a des milliers de disciples du Christ dans l’antique Sion. Le signe est bien différent aussi : un roc et une pierre tachés du sang divin remplacent un bronze insignifiant : au lieu d’un homme, il y a ici un Dieu. Notre témoin à Paris pour attester le fait historique est un soldat, qui n’a jamais vu peut-être le guerrier objet de son culte. Nos confesseurs à Jérusalem ont assisté aux noces de Cana; ilsontconverséavec le Lazarercssuscité;ilsont suivi leur maître dans le désert ; ils ont connu la fille de Juïr, l’aveugle et le paralytique guéris miraculeusement ; ils se sont mêlés à toutes les scènes de la Passion ; ils ont suivi la victime jusqu'au lieu du supplice ; ils ont vu couler son sang ; ils lui ont parlé après sa résur rection ; enfin, le jour de l’Ascension, ils étaient au haut du mont des Oliviers....
À propos
Créé en 1846, La Voix de la vérité était un quotidien parisien catholique. Il disparaîtra en 1858.
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