Extrait du journal

M. de La Rocque tient en tel mépris les politiciens, dont j'étais alors, qu'il m'écrit un jour que, dès son retour à Paris, il se conformerait à mes instructions, et, dans deux lettres que j'ai encore et qui sont beaucoup plus claires, il me demande de lui téléphoner le jour et l'heure où il pour rait — Ouvrez les guillemets — : « venir prendre mes ordres. » Fermes les guille mets ! Eh bien ! Messieurs, quand on a écrit de telles lettres et quand on vient dire, trois ou quatre ans après, qu'on n'a pas connu le personnage à qui ces lettres ont été adressées, je dis au'un se moque un peu du monde, et, puisqu'on m'a mis en demeure de dire toute la vérité, je la dis tout entière. De La Rocque n'a pas osé faire assom mer Tardieu par ses bravi, comme il avait fait assommer à Saint-Servan, après la publication de Choc, le colonel Guil laume. Peu s'en fallut que ce dernier restât mort sur le carreau. L'immonde fripouille de La Rocque, qui est, par dessus le marché, un parfait imbécile, se flattait d'intimider ainsi la presse entière. Son calcul était faux et il n'a plus aujourd'hui, pour défendre sa cause perdue, que ses stipendiés et quel ques aveugles volontaires. C'est un homme à la mer, ou, plus exactement, à la m... Mais il reste le procès Guillaume, qui sera celui des complices de La Rocque et de son policier spécial Ottavi, et les quarante-cinq affaires de correctionnelle que cette bourrique a imprudemment engagées, après avoir juré qu'il ne les engagerait pas. Nous avons du Judas sur la planche. Léon DAUDET....