Extrait du journal

I. — O Paris, gai séjour.» Par quel étrange effet de contrastes peut bien me revenir, paroles et mesure, cette vieille valse de mon extrême jeunesse pour faire écho aux jugements fermes et tris tes, sévères et mélancoliques du Maréchal en réponse aux députations de Paris que lui amenait M. Taittinger I Un mot du Chef se détache sans doute, c'est celui par lequel il se refuse absolument à avoir connu tous les aspects de Paris, bien qu'il l'ait long temps habité. L'on n'imagine guère le grave habitant de certaines belles et gran des salles de l'Hôtel des Invalides, où j'eus l'honneur de le saluer en 1938, effleu rant, même de très loin, certaines fo lies et certaines absurdités parisiennes et qui n'avaient d'ailleurs qu'une faible marque de l'esprit et du génie des lieux. N'importe. Le charme, l'enchantement, les lointaines magies et féeries de Paris ne cessent pas d'agir dans nos mé moires d'exilés, et leur persistance est encore multipliée par le principe qui a couru récemment : « On ne gouverne la France que de Paris », principe vrai et faux selon la manière dont il a été en tendu. Ces impressions qui s'entre-croisent ne laissent pas de créer un état d'esprit où les idées claires et les imaginations indécises jouent entre elles un jeu qui n'est pas très défini. Tout le gros de la situation, étant trop connu, peut être supposé éliminé par abstraction : l'on revient alors à des élé ments nationaux qui n'arrêtent pas la per plexité, qui, peut-être, y ajoutent, mais qui font de l'ordre et de la clarté. L'espèce de rêverie parisienne dont je eors en ce moment, toute trempée de sou venirs personnels et de réminiscences li vresques, finit paT se résoudre, somme toute, en ces deux termes contradictoires : l'histoire de Paris dit une chose, nôtre expérience de Paris en dit une autre, très opposée. Notre expérience est celle des hommes de notre génération. Pas de celle 4e Bourget, par exemple, qui, né en 1852, était assez grand pour avoir vu fumer les ruines de la Commune." Ses cadets ne les ont connues que par. des témoignages. Les Tui leries étaient abattues et rasées en décem bre 1885, quand je suis arrivé à Paris. Par exemple, j'y. ai vu les murailles de la Cour des Comptes trembler et faire l'éven tail au-dessus de l'espace où s'élève maintenant le Palais et la gare d'Orsay....