Extrait du journal

Constatations Jamais le cortège traditionnel n'aura été aussi nombreux, aussi enthousiaste, aussi exemplaire qu'hier matin. Appelée, l'an dernier, à empêcher les patriotes de rendre à la Sainte de la Patrie l'hommage dû, et ayant échoué dans cette tâche impie, la police municipale faisait la haie, cette année, sur notre passage, avec un certain étonnement. Mais, de part ni d'autre, aucune bouderie. Nous aurions, eu d'ailleurs mauvaise grâce à faire grise mine à des hommes, qui n'avaient fait en somme, en 1925 et 1926, qu'obéir à des ordres imbéciles et scandaleux. Mêlés à la foule immense. et vibrante, de très nombreux ecclésiastiques joi gnaient leur visible sympathie à celle de leurs voisins. Nous en avons été — est-il besoin de le dire ? — profondément émus. Une condamnation injuste et injus tifiée n'a fait que rendre plus vif notre affectueux respect pour ce clergé de France qu'a persécuté la République, pour ces admirables Ordres religieux où s'est réfugiée, à nos époques barbares, la véritable civilisation. L'iniquité passe. La vérité demeure. Tous les Parisiens, qui voient les choses et les hommes de près, savent bien que l'A. F. est le su prême rempart de la France menacée, aujourd'hui comme hier, par l'esprit de conquête allemand, par l'esprit démocra tique et révolutionnaire de démantèle ment et de guerre civile, i Jeanne d'Arc, de son temps, en a vu d'autres ! A toutes les époques de l'his toire, le service de la Patrie a été rude,, et a comporté des risques de tout ordre, • y compris celui d'être méconnu. Notre ■ mission, qui est de ramener le Roi, et de bouter l'étranger dehors, rappelle, toutes distances gardées, celle de la victime de, Pierre Cauchon et des acolytes de Pierre Cauchon. Mais les « 'bûches » de la Vie catholique, de VOsservatore Romano, de la Croix et de l'Echo de Paris ont été jusqu'à présent beaucoup plus pour ces adversaires sans vergogne, et grotesques tartufes, que pour notre propre bûcher ; et ceux qui nous déclaraient moribonds, sur la foi d'Aristide, de Peycelon et de ce filou de Philippe Berthelot, ont pu constater que nous nous portions assez bien. Je ne sais rien de « consolant » comme ce 1 défilé de Saint-Augustin à la place des Pyramides, au milieu de cette population si avertie des moindres nuan ces et qui est celle de la grande Ville. Inutile d'ajouter que nous savons, les uns et les autres, reporter à notre Cause et à ses martyrs cet accroissement de force et d'autorité. Ni Plateau, ni notre • cher petit Philippe, ni Berger n'étaient là, hélas ! pour se réjouir du succès commun et féliciter Pujo avec nous. Mais leurs ombres noug accompagnaient, avec celles des milliers des nôtres tombés au champ d'honneur de 1914 à 1918. La magnifique allure de la jeunesse des Ecoles et des Facultés rappelle celle de ses prédécesseurs immédiats, des héros de 1914. C'est elle sûrement qui sauvera la France avec nous. Seuls en pourraient douter ceux qui n'ont jamais réfléchi au formidable progrès -des idées maurrassiennes depuis dix ans, et, notamment, depuis huit mois. Quelle illustration pour le « Politique d'abord ! » Je terminerai par une constatation courante, mais demeurée fort actuelle : • la persécution imméritée est le meilleur propulseur et propagandiste connu des bonnes Causes et des idées justes. Telle fut, sur le mode combatif, la leçon de 1925 et de 1926. Tel est, sur un mode diftérent, la leçon de 1927. Nous nous rapprochons de plus en plus du but, par des voies évidemment providentielles. Léon DAUDET....