Extrait du journal

I. A propos du bila» de la Banque de France . Le dernier bilan de la Banque de France enregistre une augmentation de l'encaisse-or de cinq milliards de francs, qui se trou ve ainsi portée à plus de 97 milliards. Les cinq milliards -dont s'est accrue l'encaisse ont été versés par le Fonds d'égalisation des changes, et ce versement avait été an noncé par le ministre des Finances dans une récente allocution au micro. Donc notre institut d'émission possède plus de 97 milliards d'or — ne pas con fondre avec 97 milliards or. C'est-à-dire que la quantité d'or qu'il délient corres pond à 97 milliards de notre nouveau franc, lequel est officiellement de 27 mil ligrammes 1/2 d'or à 900 millièmes de fin. Mais le Capital fait remarquer qu'au cours actuel du dollar, 37 fr. 75, notre franc ne vaut plus que 26,16 milligrammes d'or à 900 millièmes de fin. Il est clair qu'en « réévaluant » sur cette base, l'encaisse de la banque atteindrait 102.250 millions au: lieu de 97.266, valeur figurant au bilan. « L'encaisse-or est donc légèrement sous-' évaluée », note le Capital. Nous serions plus riches que nous n'en avons l'air: en effet, mais plus riches de capitaux valant, moins; on ne voit pas l'avantage. » Il ressort néanmoins de la remarque du Capital que notre franc a fléchi par rap port au dollar et de façon assez sensible, puisque le fléchissement'correspond à plus d'un milligramme d'or sur 27 milligranir mes et demi. Quand quelqu'un n'a en po che que 27 fr. 50, il considère.comme très sérieux de perdre vingt-huit sous. En tout cas, un profane en matière financière ne peut pas ne pas se demander à quoi sert le fonds d'égalisation des chan-' ges, s'il n'égalise pas les changes. Les cinq milliards qu'il a versés à la Banque pro viennent sans- doute des livres que Londres lui a versées en échange de francs ; il semble que, par définition, cet or aurait dû servir à soutenir notre franc par rap port au dollar. Au lieu de soutenir le franc, on a versé l'or à la Banque; on l'a mis en réserve : le profane ne comprend pas l'opération et se demande si ce n'est pas reculer pour mieux sauter; en d'autres ter mes si le'fonds d'égalisation ne devra pas, un jour ou l'autre, redemander de l'or à la Banque. Le bénéfice de,'l'opération aurait donc été simplement de jeter un peu de poudre aux yeux des Français. Ça ne se rait pas la première fois. D'autre part, l'Angleterre est en sérieuse " difficulté monétaire. Un article de ParisMidi d'hier donne à ce sujet des détails intéressants : « L'or rentre en France, mais quitte l'Angleterre », tel était le titre de l'article en question. « Londres dépense à pleines mains. » Elle « ne compte pas », dès qu'il s'agit de ses armements, mais elle manque de ma tières premières. « Des capitaux alors vont en Amérique. Si le franc est soutenu, la livre est plutôt offerte. Seul le dollar est activement demandé. » Seul, le dollar... et ainsi s'explique que livre et franc baissent par rapport, à lui. Par suite les « techniciens » envisagentle recours â l'accord tripartite. Aux termes de cet accord, dollar, livre, franc sont soli daires, ou du moins une des devises ne peut varier par rapport aux deux autres sans l'agrément des gouvernements qui détiennent celles-ci. Paul Reynaud pour fixer la valeur de son franc a agi de con cert avec Washington et avec Londres. •Cet accord « tripartite » peut aussi s'exercer par un prêt du pays disposant de plus de « disponibilités ». C'est ainsi qu'à un moment l'Angleterre nous a consenti un emprunt avec d'ailleurs des conditions de rembo'pi-semenl rigoureuses. Ce précé dent .ne devra pas être oublié, si l'Angle...