Extrait du journal

grandeur morale. Mais, à son avis, dans la société formée entre confrères et pairs, cette stature diminue de beaucoup. On demande à Maurras — Mais alors, que diable êtes-vous allé faire dans cette galère. — Je n'y suis pas allé de moi-même, ré pond-il. J'y suis monté de bonne grâce, certes, mais après avoir rêvé autre chose : la bataille, la mer. La vie y mit bon ordre. Il devint sourd à 13 ans. On lui proposa d'aibord d'étudier pour être peintre, parce qu'il faisait beaucoup de bonshommes sur les marges de ses cahiers, et même de ses livres de classe : les peintres sont heureux, lui disait-on, ils n'ont pas (besoin d'en tendre parler les gens pour regarder le monde et le copier. Malheureusement, no tre ami n'eut pas la patience d'apprendre ]' abc de cet art difficile. Au! con traire, rien ne le fatiguait, ni ne le re butait dans les livres, il lisait tout, ava lait tout; il se passionnait aussi pour les idées. On fut ainsi amené à lui parler de devenir écrivain, ou journaliste, ce qui l'étonna un peu, car il ne se figurait poirfl que l'art d'écrire fût une carrière. Il croyait que les gens signaient dans les journaux pour défendre les idées qu'ils estimaient justes, et, l'affaire réglée, s'en retournaient planter leurs choux. Hélas! le « stupide XIX* siècle » avait déjà cons titué une industrie littéraire qui, sans être puissante (très petite industrie au fond) était néanmoins susceptible de faire vivre un personnel nombreux et bientôt, comme dans la décadence romaine, une véritable nation. (A suivre.)...