Extrait du journal

I. - A la Jeunesse Les allocutions du général de La Porte du Theil ont le secret du ton juste, sensé, rai sonnable et humain. Ces paroles de Chef et de père qu'il vient d'adresser aux jeu nes gens des Chantiers de la Jeunesse font un égal honneur à celui qui les prononce et à ceux qu'elles doivent toucher. On ne saurait exprimer avec plus de clarté et d'amitié les devoirs qui ne peuvent pas ne pas incomber à notre belle et malheureu se jeunesse. Elle expie les erreurs do ses pères, elle ne peut s'y refuser sans aggra ver sa propre situation. En s'y pliant, en consentant les sacrifices, elle collabore aux éléments de sa propre durée et de la renaissance de tous. Comment cette parole amie et sage ne eerait-elle pas comprise et suivie ? Tous les jeunes Français de la classe 194-3 qui doivent ce travail à la commu nauté française, ne le feront pas tous dans des conditions pareilles. Certains d'entre eux, les mineurs, suivront leur métier d'origine. D'autres auront à contracter des habitudes nouvelles, mais ils seront grou pés comme ils l'étaient dans les Chantiers, ils en retrouveront la vie, la camaraderie, les cadres communs. Avantages matériels et salaires ne leur manqueront pas non plus. Enfin, avec la certitude de rester en France, ils auront le sentiment de parti ciper à des travaux d'intérêt vital pour le pays. Voilà donc qui intéresse tout à la fois le désir de servir et le plaisir de vivre. Plus heureux que bien d'autres, ces jeunes gens seront favorisés et .privilégiés en dé pit do tous nos mauvais sorts. Encore une fois, le ton de l'ordre du jour du général de la Porte du Theil est quelque chose de si particulier et de si émouvant que l'on peut, sans hésiter, dire que cela passe et emporte tout. Mais si quelques-uns hésitaient, si l'on voulait les faire hésiter dans la résignation et dans l'obéissance, il serait très facile de les prier de regarder au-dessous d'eux. Il existe des destinations autrement pénibles et cruelles que celles dont on serait tenté de les plain dre. Nos prisonniers I Nos travailleurs ex patriés ! • II. — Que la Justice est Inégalité Le langage amical et vivant ainsi tenu à notre jeunesse n'épuise peut-être pas le chapitre des réflexions que l'on peut et que l'on doit faire à sort propos. Les problèmes de la jeunesse sont in nombrables ; ceux qui concernent son âge touchent auôsi aux classes et aux profes sions. Nous sommes souvent, intervenus ici pour demander que, dans l'intérêt des études et, plus généralement, de la culture française, un compte exact et humain soit tenu des distinctions, des diversifications, des différenciations de la vie, pour qu'elles ne soient pas contrariées par des règles...