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L’Action française, 14 mars 1924

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L’Action française
14 mars 1924


Extrait du journal

Il faut bien que quelqu'un paie M. Macdonald, d'après le mot qu'un do nos confrères a recueilli à Genève de la bouche d'un Anglais, aurait dit récem ment : « C'est pure comédie de voir les Etats vainqueurs courbés sous le poids du fardeau de la guerre tandis que les vaincus sont délivrés de tout souci ». Cela revient à dire ce que le plus simple bon sens disait depuis longtemps : la guerre a coûté très cher ; il faut bien que quel qu'un paie, et, si ce ne sont pas les vaincus, ce seront les vainqueurs, si ce 11e sont pas les agresseurs, ce seront les victimes, et les frais resteront toujours à la charge de celuici ou de celui-là. L'Angleterre rembourse sa dette aux Etats-Unis par annuités de 37 millions-et demi de livres sterling, c'est-à-dire plus de 900 millions de francs-or. L'Angleterre a donc résolu pour sa part le problème qui consiste à transférer chaque année de fortes sommes d'un pays dans un autre, problème que nous avions déjà résolu en 1871 et qui a l'air de présenter des difficultés insurmon tables quand il s'agit de l'Allemagne. C'est devant lui, paraît-il, que les experts, dont le rapport subit un nouveau retard, seraient arrêtés en ce moment-ci. Quant à la France, elle a réparS à ses frais les dévastations qui ont été commises sur son territoire et c'est l'origine de ses embarras financiers. Cependant, ces dégâts , sont-ils le fait de l'Allemagne seule ? Oui, si l'on considère que, responsable de la guerre, elle doit réparer le dommage qu'elle a causé. Mais, puisqu'elle ne paie pas, c'est une raison de plus pour dresser le compte dont M. Paul Le Faivre a montré avec tant de force la justice et la nécessité. Le sang français et le sol français ont servi à la guerre commune. Cela aussi s'apprécie en argent et vaut bien ces fournitures de ma tériel et de marchandises diverses pour les quelles nous sommes aujourd'hui endettés d'environ trente milliards de francs-or, tant aux Etats-Unis qu'en Angleterre. Si, jusqu'à présent, nous ne payons pas ces dettes, elles n'en existent pas moins. Elles pèsent incontestablement sur notre change. Et comme la chute du franc, qui peut faire craindre le pire pour nos finances et notre monnaie, inquiète les Etats-Unis et l'Angleterre elle-même, les Américains, au tant par intérêt bien compris que par ami tié, viennent d'ouvrir des crédits à la France pour l'aider à franchir un mauvais pas. En effet, ce ne serait pas la peine d'avoir tant parlé de la reconstruction de l'Europe, nécessaire à l'équilibre et à l'har monie économique du monde, pour laisser maintenant s'écrouler un autre pan de mur, sur le côté occidental. Les reconstructeurs de l'Europe, dont toute la sollicitude allait à l'Allemagne, à l'Autriche, à la Hongrie, à la Russie, qui faisaient abstraction de la France ou qui la sacrifiaient, ont donc commis une bévue. Ces profonds esprits sont ramenés à la question première : il faut trouver de l'ar gent quelque part, et, comme M. Macdonald vient de le découvrir, si ce n'est pas aux dépens des vaincus ce sera aux dépens des vainqueurs. — J. B....

À propos

Fondée en 1908, L’Action française est un journal d’extrême droite dirigée par Charles Maurras et interdit à la libération en 1944. Se gargarisant d’être « le journal du nationalisme intégral », la publication se veut le trait d’union entre les mouvements royalistes, nationalistes et antisémites.

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