Extrait du journal

Dames royalistes de Nice vous envoient ce jour la somme de 1.000 francs (2° ver sement 1936), outre les 500 francs du pro jet de l'Annam. Que nos généreux correspondants et cor respondantes soient remerciés et félicités encore une fois! Nous nous permettrons de leur dédier ces belles lignes venues de Genève : Veuillez accepter cette modeste somme en hommage de ma reconnaissance de Française, veuve de guerre, mère d'un fils unique de 18 ans, pour tout ce que l'A. F. a fait et fait encore pour la France. Avec confiance, grâce à vous, « pour le salut vers la victoire ! » Vive le Roi ! Vive la France ! Un Français qui repart pour l'Améri que latine Veut bien nous apporter un chèque de mille francs. De combien de tristesse ces dons de nos amis voyageurs sont chargés! On a le sentiment d'une grande France possiblel. On a la dure vision des petitesses et des hontes de cha que jour. N'importe ! Notre pays n'a pas mérité cela. Les Français dignes de ce nom en sont convaincus. Ils veulent autre chose. Ils pensent comme cet aviateur dont la petite lettre vous était destinée depuis de longs jours et qui eût dû passer hier, sous la rubrique de « Bordeaux » : J'arrive à Paris pour y passer quelques jours de permission. Samedi, impossiblè ou presque de déjeuner. Hier, impossible de faire un pas sans écraser le pied d'un peloton armé et, dès 6 heures du soir, dé fense de se promener sur les ChampsElysées. C'est ce que l'on appelle, sans doute, la « Saison de Paris ». Ah quelle fierté d'être Français ! Je passe sous silence les scènes scanda leuses de la gare de Bordeaux où les mal heureux pèlerins de Lourdes se sont im punément fait enguirlander et bousculer par les miliciens espagnols qu'un gouver nement prévoyant dirigeait sur Barcelone! Vivement, le sursaut sacré contre cette pourriture de régime! Et en attendant, acceptez ces cent cinquante francs d'un de vos plus fidèles et plus chauds lecteurs! Ah! oui, vivement, vivement! C'est le mot. Si l'on veut nous faire la faveur de nous écouter, je dirai : — Nous avons perdu dix, peut-être onze semaines. Onze semai nes de propagande intensive qui eussent été merveilleusement fécondes. —- Mais, direz-vous, pourquoi perdues?... Je réponds : — Faute d'argent. . Donnez-nous de l'argent. Donnez-en beaucoup. Il nous faudrait des millions. Charles MAURRAS....