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L’Action française, 20 février 1925

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L’Action française
20 février 1925


Extrait du journal

Avec une bonne foi évidente, le gouver nement britannique cherche à nous pro mettre la sécurité dans la mesure où il le peut Ses intentions sont déterminées par plusieurs circonstances qu'il paraît assez exact de classer ainsi : 1° le parti conservateur revenu au pouvoir a un sens plus étendu de l'Europe et de la situation européenne que les partis libéral et tra vailliste ; 2° le rapport de la Commission de contrôle ne laisse aucun doute sur le danger que représente la réorganisation militaire de l'Allemagne ; 3° malgré les conclusions de ce rapport, la politique anglaise reste opposée à une occupation indéfinie de la zone de Cologne, ce qui laisse présager l'évacuation de Coblence en 1930 et de Mayence en 1935 ; 4° cette garantie ne devant plus exister et celle que le .protocole de Genève était censée fournir s'étant évanouie,- il. est loyal et même nécessaire de les remplacer par autre chose. On recherche donc, à Londres, une for mule de pacte et c'est là que les difficultés commencent et que les objections se pressent Pour voir les obstacles auxquels le pacte ne manquera pas de se heurter, il faut d'abord savoir. • pourquoi le protocole de Genève a été enterré par l'Angleterre. Analysons encore. Les articles qui ont été publiés à ce sujet par la presse anglaise permettent de ranger sous les chefs suivants les motifs pour lesquels la Grande-Bre tagne n'a pas voulu du protocole : 1° répu gnance des Dominions à toute immixtion dans des affaires internationales capables de les exposer à un conflit où leurs intérêts ne seraient pas engagés, sinon même à un conflit contraire à t leurs intérêts (c'est jus tement, remarquons-le, le point de vue des Américains) ; 2° refus d'aliéner la souve raineté nationale et de courir le risque d'une guerre sanB l'autorisation spéciale et préalable des Parlements ; 3° crainte d'avoir à supporter sans compensation les frais d'une guerre entreprise en faveur d'autrui. ' Cette dernière nbjeciion, qu'on a pu. lire ces jours-ci dans là presse anglaise, donne beaucoup à penser. Lorsqu'on a réduit les sommes à verser par' l'Allemagne jusqu'à un niveau au-dessous duquel il n'est pas certain qu'on ne descende pas encore, on n'a pas assez réfléchi que cet exemple serait aussi encourageant pour les agresseurs futurs que décourageant pour les pays qui seraient tentés de punir l'agression. Les esprits pratiques demandent qui paierait les frais de guerre au cas où le protocole de Genève, étant adopté, jouerait. L'exem ple de la guerre du droit et de la justice était malheureusement là pour répondre : « Par tout le monde, sauf par le coupable et le vaincu ». Il est à craindre que les objections qui ont tué le protocole de Genève au berceau ne menacent aussi le pacte de sécurité. Et toute la question est de savoir si la zone de Cologne sera évacuée avant qu'il y ait un pacte. C'est le point de vue du gouver nement britannique pour lequel l'évacua tion et la sécurité sont deux choses" indé pendantes. Il s'agit de savoir aussi quelle suite sera donnée au rapport de la Com mission de contrôle. Des indices sérieux permettent de penser que l'Angleterre con çoit une sorte de plan Dawes pour les armements allemands, c'est-à-dire la con ciliation au lieu de la contrainte, c'est-àdire une certaine faculté laissée à l'Ailemagne de dépasser les limites fixées par les clauses militaires du traité de Versailles, de même qu'elle a eu la faculté de payer beaucoup moins que les sommes arrêtées par l'Etat des paiements. .Ainsi le pacte de sécurité n'est pas au point, sans compter plusieurs considéra tions qu'il entraîne (frontières orientales et participation de l'Allemagne). Quant au désarmement du Reich, il a tendance à de venir matière à transaction. Voilà où en sor.t les choses. Qu'il en sorte quelque chose d'efficace et de pratique, il est bien permis d'en douter. — J. B....

À propos

Fondée en 1908, L’Action française est un journal d’extrême droite dirigée par Charles Maurras et interdit à la libération en 1944. Se gargarisant d’être « le journal du nationalisme intégral », la publication se veut le trait d’union entre les mouvements royalistes, nationalistes et antisémites.

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