Extrait du journal

Cent trois ans d'existence, trois souve rains dans l'espace de ce siècle, telle est la chronologie de la monarchie belge con fondue avec l'histoire de la Belgique. Qu'Albert I" disparaisse trop tôt et que sa dramatique disparition, soit, à tous les égards, poignante, à quoi bon le répéter puisque tout le monde l'a senti? L'heure, en Europe, avait besoin de sa présence. Nous n'en dirons pas plus. Du moins le roi mort laisse-t-il un suc cesseur qui arrive au trône à l'âge où il y était arrivé lui-même, et de trois ans plus âgé que ne l'était Léopold II en succédant à son propre père. La suite régulière des générations est assurée. C'est un réconfort dans la tristesse publique. Si Albert I" avait eu un fiîs trop jeune ou en état de minorité, le malheur eût été encore plus grand. . Depuis 1831, date à laquelle le Congrès national, à défaut du prince français dont ne voulut pas l'Europe, élut un SaxeCobourg pour roi des Belges, la dynastie a régné sans interruption et a prouvé son utilité. Léopold î" présida à l'organisation du royaume et à l'établissement de son statut diplomatique, celui de la neutralité. Dans cette neutralité, respectée en 1870, Léopold II, avec une autorité croissante, fut l'animateur de la Belgique et son nom reste attaché à l'œuvre du Congo, qu'il conçut, voulut et accomplit, on peut dire contre vents et marées. Dans la tourmente de 1914, lorsque la neutralité fut mise à l'épreuve, Albert I" maintint tout et sauva tout. Les trois rois peuvent être unis dans...