Extrait du journal
mieux que moi : aussi longtemps qu'un re cours en grâce est en suspens, l'exécution doit être ajournée. Le général ; Cela ne me regarde pas. Si la sécu rité de la troupe exige, à mon avis, l'exé cution immédiate de la peine, c'est ma dé cision qui prime. Lui donnant une légère chiquenaude du petit doigt, il fit glisser le recours en grâce, qui tomba sur le parquet. Je me fis violence, ramassai le papier, le reposai sur la table et plaçai la main dessus. J'estimai de mon devoir, dans l'intérêt de la chose, de passer également sur le procédé cava lier du général. Je lui répondis : — Vous ne voudrez tout de même pas prétendre que la sécurité de nos troupes d'occupation de Bruxelles, loin du front, peut être mise en danger du fait que la condamnation de cette femme, désormais hors d'état de nous nuire, serait commuée en prison perpétuelle, par exemple ? Le général, qui voulait cette fois camper le soldat du front face au représentant des Affaires étrangères,, déclara d'un air ir rité : — Monsieur le major, mon entretien est terminé: Malgré cette mise en demeure de partir, j'osai une dernière attaque : — Pour l'amour de Dieu, monsieur le général, nous voulons pourtant tirer tous deux sur la même corde. Nous voulons pourtant que tout soit pour le mieux pour notre patrie ! Comme les autres, cet appel resta vain. — Je sais ce que je fais. J'agis selon ma. conscience. Comme je ne quittais toujours pas la piece, le général voulut disparaître par une porte latérale. Alors, ce fut plus fort que moi : — Que le sang de cette femme retombe sur vous et sur vos enfants ! Cela a de l'allure, et l'on voit que, sous le coup de l'émotion, le baron von Lancken peut se débocher. Néanmoins} il ne nous parle ni de la fusillade de Geî> maine Petit, ni de l'assassinat, par un sou dard allemand, de la petite Yvonne Vieslet, âgée de sept ans, coupable d'avoir passé la couque de son goûter, à travers une grille, à un prisonnier français... « Si c'était vrai » cela, tout de même, hein! Guiraud, hein! Mère-Klen? Léon DAUDET....
À propos
Fondée en 1908, L’Action française est un journal d’extrême droite dirigée par Charles Maurras et interdit à la libération en 1944. Se gargarisant d’être « le journal du nationalisme intégral », la publication se veut le trait d’union entre les mouvements royalistes, nationalistes et antisémites.
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