Extrait du journal

dans votre journal depuis le 1" janvier 1916 (soit 19 ans de service). Il y a trois ans j'ai envisagé de me constituer un petit capital pour mes vieux jours, je verse 46 fr. 80 par mois, ce qui équivaut à 5 % de mes appointements et, au bout de 22 ans de versements j'aurai un capital de 20.000 francs. soit à peu près deux à trois années de retraite d'un fonctionnaire moyen ayant versé à peu près le même taux. A suivre. V. Pour « financer » l'action nécessaire et prochaine J'ai reçu trois billets de mille francs pliés dans cette lettre: . Je ne puis croire qu'il n'y ait pas,entreles industriels on commerçants ayant la chan ce d'avoir encore un certain courant d'af faires, des souscripteurs éventuels suscep tibles de répondre à votre appel par l'ap port en une ou plusieurs échéances du vingtième, par exemple, de la somme an nuelle versée en impôts. La plupart de ces contribuables com prennent la nécessité d'un versement à votre belle œuvre, .mais voilà! il faudrait qu'on vienne chez eux; que, dans le silence d'un bureau bien clos, on puisse leur ex pliquer l'objet de la requête; et qu'immé diatement la somme soit à leur portée dans le tiroir personnel, sans qu'ils soient obli gés de recourir à la Caisse du comptable dont l'attention pourrait être mise en éveil sur la qualité du visiteur. Ils hésitent devant un envoi par chèque ou mandat, qui laisse des traces, car, mal gré leur confiance, ils envisagent toujours l'éventualité d'un gouvernement ou d'un fisc inquisiteur ou tracassier, et leur neu tralité apparente ne serait plus sauvegar dée. Il est pourtant inutile de leur rappeler qu'un Gouvernement de Cartel pur leur demanderait plus qu'un vingtième ou un dixième des impôts, mais l'expropriation partielle ou totale, après quelques tours de vis préalables comme celui de ces jours-ci. Trouvez-leur le - moyen de s'acquitter avec discrétion, car ils sont prêts. Il faut être pour ou contre ce pays « légal et su ceur »! Et quand on ne paye pas de sa personne, on participe aux frais! Ces considérations nous semblent fort justes. Et le don qui les accompagne est bien émouvant. Je dois citer un autre don, qui n'est pas moins digne de toucher les cœurs. Un de nos grands amis est venu me trouver, chargé de paquets de billets qu'il a comptés devant nous : il y en avait pour 62.000 francs : ce royal sacrifice lui paraît préférable à la disparition de notre œuvre et. de notre action! Comment lui exprimer non seulement notre reconnaissance per sonnelle, mais celle des amis innombrables qui se saignent comme lui dans la même pensée! J'ai lu, le même jour, dans une feuille abjecte, que notre protestation contre les surtaxes d'impôt sur le revenu est ex pliquée par des mobiles intéressés. Nous nous étions placé au point de vue de la prospérité générale, condition de la vie de chacun. Nous avions rappelé à' ce pro pos les axiomes de Rivarol. Autant citer Rivarol à des chiens. L'âme du chien, dit Bain, est un sensorium d'odeurs. L'âme du Gay, de I'Aube,- car il s'agit de lui, est un sensorium de bénéfices et de profits, seule catégorie de son entendement. Il est bien inutile de lui rien expliquer au delà. Si ce pendant un commun lecteur de hasard pouvait s'y tromper, disons à celui-ci ce que tous les démarcheurs du monde capi taliste savent très bien : on n'a ce genre de souscripteurs qu'en leur faisant peur ou en les attaquant. Billiet sait ce qu'il fait quand il mobilise la haute industrie et le haut commerce en faveur de candidats d'extrême gauche. Nous ne pouvons les dé fendre par intérêt. Une admirable correspondante veut bien nous dire : Voici, monsieur, mon dixième billet. Depuis que je suis au monde, je pria pour le retour du Roi. A mes yeux d'en fant, mon grand-père était son plus fidèle et dévoué serviteur et- rien ne me contre dit. Depuis que je vous suis, je considère l'A. F. comme l'intelligence dominante de ce troupeau sans maîtres qu'ont longtemps été les royalistes errants. Que Dieu l'aide! Ma collaboration à votre œuvre est un service de termite actif, ce qui n'est point dans ma nature, mais chacun fait ce qu'il peut et comme il le doit. Quelles puissantes réserves morales et physiques représentent de telles colla borations, lointaines, invisibles, parfois ignorées! Une grande partie du ressort de notre force vient d'elles. Rendons-leur justice, grâce et gloire quand nous le pouvons! Nous ne devons pas en oublier le grave et noble mérite. Un ami de même origine et de même va leur morale nous dit : Je m'aperçois ce matin qu'il me reste quelques centaines de francs, je ne dirai pas disponibles, car j'en aurais un besoin urgent pour d'autres dépenses non encore réglées, mais liquides. Je vous envoie 500 francs. A bien des reprises, j'ai exprimé à l'A. F. mon admiration et mon dévouement. Ils sont plus vivants que jamais. Ma gêne financière est cruelle : j'ai des fermages en blé, j'ai un vignoble... C'est tout vous dire... Mes dépenses n'ayant pas pu se restreindre à proportion... Et l'on ne cesse pas de donner pour la 'première des défenses : la défense morale de la patrie. Merci à ces donateurs héroïques ! Merci à tous. Nous nous excusons des angoisses trop justes que leur donne cette détresse trop certaine. Qu'il nous soit per mis de leur dire que nous faisons comme eux : — D'abord, nous tremblons d'inquié tude et de chagrin. Puis, nous nous met tons au travail et en route : les résultats de cette ronde continuelle faite la main tendue nous apportent, de jour en jour," un petit surcroît de 'faible lumière. Hélas! je ne saurais écrire des paroles d'espérance plus forte ni de confiance plus sûre! Mais ce qui est est. Nous ne pouvons pas altérer le réel. Si on veut l'améliorer et nous sau ver, à l'œuvre, à l'action! A l'aide! Au se cours! S.O.S. Charles MAURRAS....