Extrait du journal
trant dans la politique, tous ont juré de faire lutter les classes entre elles jusqu'à entière liquidation, pulvérisation et dispa rition. Nos ministres socialistes sont fils de Marx. Mais les ministres radicaux sont fils, et fils légitimes, de ces radicaux de 1884 qui repoussaient avec horreur l'idée qu'avait M. de Mun d'admettre les patrons et les ouvriers dans la même organisation. En vérité, voilà de beaux juges de camp ! Et qualifiés pour présider au com mun accord de ceux qu'ils firent toujours métier d'exciter et d'e diviser autour de l'urne à scrutin ! III. L'Italie interne (fin) Nous avons laissé notre ami O. de la Borde Caumont à Fiesole. II redescend à Florence. Le frère de mon jeune guide nous y attendait pour dîner. Tout de suite on parla de la France, de la politique et je pus voir que les Italiens savent très bien faire la différence entre la France réelle et la France légale, entre l'amitié tradi tionnelle de la France et l'amitié, toute de circonstance, de l'Allemagne. Une fois de plus le livre de Benjamin fut â l'honneur; mais la même remarque que m'avait faite l'étudiant de Bologne me fut répétée par mon ami florentin. Je devais, du reste, l'entendre une troisième fois quelques jours plus tard dans le train entre Pise et Gênes. Quel éloge pour Benjamin et quelle joie pour moi de voir un livre français aussi répandu ! Nous avons encore parlé de mille choses et surtout du coût de la vie. Eh bien, savez-vous ce que coûte un appartement de 5 pièces, tout confort, impôts compris ? 4.000 lires (au moment où la lire était à 104), les fruits, les légumes, le vin, tout est bon marché, « si bien que, me dit mon ami qui appartient à la vieille bourgeoisie de Florence, avec 24.000 lires par an de sa laire un jeune ménage vit très décem ment ». Heureux pays ! Le soir, je suis allé danser le long de l'Arno ; mes vacances touchaient à leur fin et j'étais navré de quitter d'aussi bons amis. Je me suis employé de mon mieux à combattre les mauvais effets causés par les grèves et les désordres de l'Exposition. Peut-être viendront-ils à Paris et je 'tâche rai alors de leur en faire les honneurs aussi bien qu'ils m'ont fait eux les hon neurs de Florence. ...J'ai circulé dans le pays; je me suis promené seul et je me suis forcé à parler français pour surprendre les conversa tions; je n'ai rien entendu qui'ne tra duise la j5Te.de vivre et la satisfaction du travail accompli. J'ai vu les fermes, les étables, les grands bœufs blancs aux longues cornes, très hauts sur pattes et toujours propres, j'ai vu battre le blé et soigner les vignes; j'ai vu aussi des pa trons venir à la ferme reconnatre leur part des récoltes. Le plus souvent, la fa mille du métayer comprend trois généra tions et les plus vieux ont vu naître leur patron. Il faut voir comment ils le reçoi vent, avec quels égards, mais aussi avec quelle affection. Comme ils sont fiers de lui montrer le diplôme mérité à la récolte précédente et qui, dans toutes les fermes a la place d'honneur près du foyer. Ceci n'est qu'un témoin? Il y en a bien d'autres. Georges Claude ne parlait pas au trement à ses retours d'Italie. Ni le doc teur Charles Fiessinger. Et, ce soir même, une lettre de Riminï, qui s'abat sur ma ta ble, dit : « Ici, où tout respire la grandeur, où les nuées démocratiques ont été dispersées, le sens de la hiérarchie rétabli et où la jeunesse peut donner libre cours à son imagination et à ses rêves les plus hardis, je songe avec mélancolie à tout ce qui nous reste à faire. » Mon nouveau correspondant est de l'âge d'Oliove de La Borde de Caumont, il a les mêmes bons yeux, le même esprit attentif, la même curiosité vigilante. Comment les Français récuseraient-ils de semblables rapports! IV. Un idiot Le jeune et beau Dunois s'est tu pendans trois jours. Le quatrième il raconte qu'il n'avait pas lu ma réponse, ce qui suffit à faire voir qu'il se moque de son métier autant que de son public. J'avais, dimanche, publié un choix de textes qui l'accablaient. Comment y ré pond-il ? Par des qualificatifs : faussaire, fourbe; encore le jeune et beau Dunois èssaie-t-il à peine de les motiver. Je le cite : ... Guesde n'avait nullement dit que la motion Jaurès du 16 juillet 1914 -fût un acte de haute trahison contre la France. A aucun moment il ne l'a dit. Ni dit ni pensé. Le texte que j'ai apporté, ceux que Maurras a apportés lui-même démontrent péremptoirement que Guesde n'a parlé que de haute trahison contre le socialisme... Mais il paraît que trahison contre le socialisme et trahison contre la France sont strictement synonymes, pour cette raison — Maurras dixit ! — qu'en 1914 la France était la nation la plus socia liste. Maurras dixit, oui, mais pas Guesde. Celui-ci s'était contenté d'observer « qu'il y avait inégalité d'organisation dans les pays socialistes »; Quant à dire que de la France et de l'Allemagne le pays" le plus socialiste, ce fût la France, il ne l'a pas dit. J'ai même des raisons de croire qu'il ne le croyait pas. Il n'y a qu'à renouveler nos citations qui prouvent nos affirmations. Guesde pensait, en même temps qujau socialiste, a la France. L'Allemagne lui apparaissait le pays le moins socialiste. Il disait (première version, du 17 juillet 1914 au matin) : « Comment pouvez-vous garantir la si multanéité de la guerre en Allemagne et en France ? « Ne nous payons pc~, de mots, je vous en prie. « Il y a inégalité d'organisation dans les pays socialistes. Avec la méthode que vous préconisez, ce serait le plus socialiste qui serait écrasé. « J'espère que l'on ne commettra pas ce crime de haute trahison contre le so cialisme. » Seconde version, prise dans le compte...
À propos
Fondée en 1908, L’Action française est un journal d’extrême droite dirigée par Charles Maurras et interdit à la libération en 1944. Se gargarisant d’être « le journal du nationalisme intégral », la publication se veut le trait d’union entre les mouvements royalistes, nationalistes et antisémites.
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