Extrait du journal

disait déjà le poète. Aujourd’hui, c'est l’attente tout court qui ne saurait plus être tolérée par notre siècle épris de trépidation et de rapidité. On n’a encore rien trouvé de mieux que le cinéma pour tromper cette impatience des hommes, et encore que l’idée du cincma-pour-voyageurs nous semble abracadabrant, vu la précision des horaires et l’exactitude des trains, il ne faut point songer à s’en étonner. Le cinéma dans le monde est devenu le refuge à la fois des rêveurs et des audacieux que la tâche quotidienne retient rivés au rivage et qui, le soir venu, devant l’écran, s’évadent à la suite de M. Chevalier ou de M. Douglas Fairbanks, suivant que l’amour ou l’aventure hantent leurs secrètes pensées. Il est aussi, par la faute du théâtre, devenu le plus agréable des passetemps. Il ne faut donc point se montrer surpris de l’ingéniosité dépensée par les entrepreneurs de spectacles pour imposer à tous et partout cet art qui fut longtemps muet, mais qui, depuis deux ans, a pris une sérieuse revanche. Le cinéma occupe une place d’importance dans la vie actuelle et dans les budgets familiaux. On épiloguera de longues années sur son action moralisatrice que les films tourneront encore, et les salles se rempliront en dépit comme en raison des absurdités ou des splendeurs dont il est bien capable....