Extrait du journal

La Seine monte ! Il semble bien que, cette fois, nous n’ayons rien à redouter de ses menaces. Toutes les précautions ont été prises pour éviter ses débordements. Mais, malgré cela, on ne peut manquer de se remémorer les désastres dont nos ancêtres furent les témoins au cours des siècles passés. La science n’était point encore parvenue à cette puissance qui, aujourd’hui, arrive à commander même aux flots. La moindre poussée du fleuve jetait les habitants des villes qu’il traversait dans une épouvantable consternation. Le danger du fléau n’avait d’égale que la rapidité avec laquelle il fondait sur les populations terrifiées. Une des plus grandes catastrophes de ce genre dont on se souvienne fut celle de l’année 583. Grégoire de Tours, qui visita Paris à cette époque, nous dit que les eaux couvraient entièrement la surface des terrains qui s’étendent entre la Cité et l’église SaintLaurent. Si bien que l’on n’y pouvait circuler qu’en barque et, si forte était la houle, que l’on eut à déplorer deux naufrages. En 1195, la hauteur des eaux força Philippe-Auguste à fuir son palais et à se réfugier sur la colline dans l’abbaye de Sainte-Geneviève. Au quinzième siècle* en 1426, et préaisément le soir de la Saint-Jean, le fleuve déborda si subitement qu’il éteignit le feu allumé sur la place de Grève pour la solennité de ce jour. L’année suivante, le «S juin 1427, les eaux couvrirent File Saint-Louis et l’île Louviers et s’élevèrent jusqu’au premier étage des maisons situées sur ses bords. En 1493, elles s’étendirent jusqu’à la place Maubert et la rue Saint-André-des-Arts....