Extrait du journal

Nous avons un gouvernement d’union et de trêve, ce qui explique que personne à droite ou à gauche ne soit complètement satisfait. Le président du Conseil est obligé de demander à ses collaborateurs et aux chefs des différentes fractions de la Chambre des concessions qui ne sont pas toujours accordées de bonne grâce ; il se heurte à des intérêts électoraux, à des susceptibilités personnelles, à des intrigués politiciennes. Bref, la vie parlementaire continue (la guerre ellemême avait à peine modifié son rythme) et cette vie factice et en vase clos n’est qu’en rapports indirects et lointains avec les véritables intérêts de la France. Le Temps, dont la fidélité aux institutions républicdtnes ne saurait être discutée, écrivait récemment qu’un malentendu certain existe entre les Chambres et le pays et qu’une occasion inespérée s’offre pour le Parlement < de penser, d’agir, de sentir nationalement ». M. P.-E. Flandin, au poste qu’il occupe, a la charge de pousser le Parlement dans cette voie. Ce n’est pas facile quand on ne peut ni ne veut employer la trique. Le point de vue électoral s’oppose naturellement au point de vue national. Pour conserver sa majorité, un gouvernement est trop souvent sollicité de faire passer au second plan ou au troisième ce qui touche à la défense nationale et à l’ordre public....