Extrait du journal

longée de Raphaël, et l’espèce de séquestration où la tenait la comtesse. Diane, cependant, était charmante pour Marianna ; elle lui prodiguait les marques de ten dresse les plus empressées, l’appelait des noms les plus affectueux, et elle lui rendait ea prison fort douce. Mais Marianna était prisonnière ; elle avait fini pa~ s’en apercevoir. Diane ne lui parlait plus de Raphaël qu’en termes très-vagues ; quelquefois méms elle, avait oublié son rôle et s’était prise à questionner la jeûna fille sur lui, comme on questionne sur les gens qu’on n’a jamais vus. Depuis qu’elle était entrés chez la comtesse, et ii y avait déjà plus d’un mois, Marianna n’était pas sortie. D’abord tout entière à sa douleur et à son amour, la belle Italienne s’était trouvée environnée do tant d’affection de la part de Diane qu’elle n'a•vait eu nul désir de voir cette ville immense et mer veilleuse où elle était arrivée la nuit, et dont les bruits et les mille voix lui arrivaient indécis et confus, le jour, " pardessus les hautes murailles de ce jardin ombreux et parfumé qui entourait sa prison dorée. Puis, le calme et la Eolitude aidant, sa douleur s’était un peu apaisée ; elle s’é tait accoutumée peu à peu à cette absence de l'homme qu’elle était venue chercher si loin ; — et alors ce vague instinct de curiosité inné, qui domine peut-être chez la femme des passions...