Extrait du journal

magnifique, il ne ressemblait en rien à ces diseurs de bonne aventure qui se montrent affublés d'une vieille souquenille, portant une grande barbe blan che, et mendiant quelques écus pour prix de leurs révélations mystiques. Don Luiz était alchimiste pour son plaisir; il avait trouvé la pierre philoso phale; il convertissait le cuivre en or, et le char bon en diamants. Toujours jeune et beau, malgré les années qui passaient, il se vantait d’être im mortel (1), et prétendait avoir, connu Philippe Auguste le lendemain de la bataille de Bouvines. » Il semait l’or sur son passage avec la prodigalité d’un prince, et les souverains de l’Italie lui faisaient grand accueil. » /— C’est cela même, dit Catherine. — Comment donc Votre Majesté a-t-elle pu se rappeler cet aventurier ? — Je me suis souvenue de ses prédictions. — Ah ! fit Maria avec un regard interrogateur. —J’avais alors treize ou quatorze ans, continua la Reine. Nous étions à table dans un salon d’été que mon père avait récemment fait construire au bord de l’Ame. Don Luiz me regarda tout à coup avec une expression étrange et que je ne n’oublie rai jamais... Puis il vint à moi ; se levant de table, et il me prit la main : — Madame, me dit-il, vous serez Reine. Je j"é pondis par un sourire d’incrédulité. — Pourquoi pas? fit mon père qui m’idolâtrait et rêvait pour moi les plus grandes destinées. —Vous terez Reine, poursuivit don Luiz, croyezmoi... L’avenir ne saurait me cacher un seul de ses secrets....