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L’Aube, 4 janvier 1945

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L’Aube
4 janvier 1945


Extrait du journal

N me dit : « Précisez vos idées sur le problème! crucial de la mobilisation française ». Je n aurai ni peine ni mérite à résumer les cinq points essetisiels que le simple bon sens m'a dictés : 1. Il est évident que la France doit porter son effort militaire au maximum, pour faire valoir ses droits acquis, c'est-à-dire pour s'assurer une paix d'au moins cent ans après une guerre de plus de trente ans. 2. Les volontaires des Forces Françaises Libres et des Forces Françaises de l'Intérieur, d'une part, les mobilisés de l'Empire, d'autre part, doivent être relevés d'urgence par de nouvelles recrues. S'il est vrai qu'ils ont dépassé sans une plainte les limites> du sacrifice, nous avons le devoir de nous plaindre pour eux. 3. Ceux qui se montrent les plus ardents à exiger du gouvernement, pour les raisons les plus louables, l'appel de la Jeune France sous les drapeaux seraient les premiers à lui reprocher, plus justement encore, de la jeter dans la bataille sans lui donner tous les moyens de l'affronter. 4. Nul n'oserait prétendre que les industries françaises puissent, dans leur état présent, assurer par elles seules l'équipement et l'armement de la nation mobilisée. Staline a maintes fois souligné que l'armée russe avait eu besoin, pour soutenir son héroïsme, du concours des industries britanniques et américaines qui, grâce aux routes maritimes du Nord et aux routes terrestres du Sud, la ravitaillèrent lentement, mais constamment. Ce qui était vrai de l'Union Soviétique en 1941 ou en 1942 l'est encore davantage de la France ravagée, disloquée, meurtrie par quatre années d'invasion et dont tout le territoire fut, à des degrés divers, un champ de bataille. J'ai dit et je répète que l'Angleterre de 1940 a décrété son salut en procédant à la mobilisation économique, aux champs et dans les usines, avant d’avoir les moyens de la mobilisation militaire. Mais il n'en reste pas moins qu'elle n'a pu procéder à des opérations stratégiques proprement dites — et Dieu sait avec quelle sage, quelle inévitable len teur ! — qu'après avoir longtemps et amplement puisé dans l'arsenal d’outre-Atlantique. L'exemple anglais est à suivre. Mais il forme un tout indissociable. 5. On en revient donc nécessairement à cette élémen taire vérité : il y a un lien rigoureux entre l'accroissement de notre effort de guerre et la progression du concours allié. Les deux termes sont• étroitement solidaires. Comp table du sang français, le gouvernement de la Résistance l'a justement compris. Et ce n'est pas parce qu'il est le gou vernement qu'il se trompe. Mieux encore : à la faveur du sursaut militaire de l'ennemi, qui a convaincu nos alliés que le concours massif de la France était nécessaire à la vic toire commune, il a commencé à obtenir gain de cause. (LIRE LA SUITE EN DEUXIEME PAGE, QUATRIEME COLONNE.)...

À propos

L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.

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