PRÉCÉDENT

L’Aube, 5 février 1935

SUIVANT

URL invalide

L’Aube
5 février 1935


Extrait du journal

L’assemblée générale annuelle de l’As sociation des Journalistes républicains s’est clôturée dimanche nar un banquet à l’issue duquel M. Albert Lebrun qui présidait, a prononcé un discours. Aux yeux du Président de la Répu blique, la réforme de l’Etat, doit s'ac compagner d’une réforme des mœurs. Et c'est là. pense-t-il, que la presse est appelée à jouer un grand rôle. 11 ne nie point le rôle que tient dans les pays voisins, une presse qui « n’est plus que l'écho fidèle mais servile de la pensée du gouvernement ». Mais aussitôt, après avoir parlé de cette conception étroite ; « Est-ce à dire, ajoute M. Lebrun, qu’elle convient à un pays d'indépen dance d’esprit et de libre examen comme Je notre ? Je ne le pense ni ne le dis. J’estime que. le journal libre a un rôle utile à remplir. Il est mieux qu'un reflet ; il a aussi sa flamme propre et peut, à certaines heures, éclairer le gouvernement et l’opinion lorsqu’il est convaincu, en toute loyauté, que sa thèse correspond bien à la réalité des faits, à la justice, au bien supérieur de la patrie. « Mais celle liberté ne vaut que s’il en sait user avec sagesse, prudence et raison. Autant, bien comprise, elle peut servir les intérêts généraux, autant elle devient néfaste quand elle dégénère en licence. Combien est malheureusement dangereuse et glissante la pente qui mène insensiblement de la juste et franche discussion des opinions aux controverses stériles, aux vaines que relles, aux polémiques injustes, si même elle ne va parfois jusqu'aux excitations coupables. « Aussi, pour ne pas mésuser de ce pouvoir toujours grandissant que lui donne sa situation privilégiée dahs nos sociétés modernes encore attachées à la. liberté, la presse doit-elle avant tout rester fidèle à un souci scrupuleux de la vérité. Qu’elle évite soigneusement l'exagération et, pour employer un mot à la mode, l’inflation des faits qui dé forme les événements les plus insigni fiants et en fait d’abominables forfaits. Qu’elle sc garde du goût sadique des fausses nouvelles, des scandales, de ce dilettantisme do l'imbroglio et des com plications qui pervertit le bon sens et la sa me raison du lecteur. Qu’elle n’ou blie jamais que, par-dessus nos querelles intestines et nos préférences partisanes, il _v a l’intérêt supérieur du pays à sauvegarder et à placer hors de toute atteinte, en présente des nationalismes exacerbés qui s'affirment au dehors. Ainsi trouvera-t-elle dans cet, amour de la mesure, de l’équilibre, de la juste compréhension des faits, la justification de l'importance et de la beauté de son rôle. »...

À propos

L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.

En savoir plus
Données de classification
  • gaston tessier
  • guernut
  • flandin
  • albert lebrun
  • marcel régnier
  • léon noël
  • lebrun
  • briand
  • bidault
  • barra
  • allemagne
  • londres
  • france
  • paris
  • dijon
  • locarno
  • europe
  • angoulême
  • bourges
  • lon
  • la république
  • société des nations
  • r. i.
  • chambre
  • air france
  • union