Extrait du journal
Nous n’apprendrons pas à nos lecteurs Que la presse souffre d’une grave disette de papier. Le format des journaux est là pour le leur rappeler, hélas! chaque jour. Cette disette persistante a engendré un certain mécontentement parmi les journalistes qui se plaignent, à juste titre, de ne pouvoir diffuser la pensée française et, par suite, de se trouver dans l’impossibilité de faire entendre la voix de notre pays au moment où se crée un monde nouveau. La pla inte est fondée. Mais de là à rendre le ministre de l’Information responsable de la crise de papier, il y a une marge ! D’aucuns l’ont pourtant franchie allègrement, sans vouloir établir le moindre parallèle entre la pénurie dont notre presse est victime et la pénurie générale qui sévit dans les domaines les plus divers, et qu’on retrouve à la source de toutes nos difficultés présentes. Ce sont des journalistes qui ont adressé hier à M. Teitgen des critiques acerbes. M. Cogniot, de V « Humanité », et M. Bayet, de « Franc-Tireur », ont tour à tour souligné la pauvreté de la presse. En toute logique, comme prélude à un débat de ce genre, n’aurait-on pas dû poser cette question : « Le ministre de l'Information a-t-il ou n’a-t-il pas rempli sa tâche ? » Ou encore : « A-t-il oui ou non fait disparaître la presse de la collaboration et lui a-t-il substitué une presse libre, représentant les diverses tendances de l’opinion publique ? » Car c’est là tout le problème, et il semble qu’on ait trop tendance à l’oublier. Notre directeur, Francisque Gay, qui durant la clandestinité s’est beaucoup occupé du statut futur de la presse libre — au moment de la libération il remplissait les fonctions de directeur de la Presse, et à ce titre a été chargé de la suppression des entreprises compromises et de l’installation des nouvelles équipes patriotes — a su ramener le débat d’hier à ses justes proportions. Il a montré ' ' comment en un seul jour la presse vendue avait été balayée dès avant la libération totale du territoire et comment furent créés les journaux libres. Malgré la crise du papier qui sévissait déjà et qu’on a traitée avec un peu trop de désinvolture, cette presse nouvelle a pu s'ubsister et même se développer, dans des conditions financières favorables, et c’est là une belle réussite. Ne doit-on pas se souvenir que cette réalisation, qui est une vraie révolution, n’a pu être obtenue que grâce à la Résistance ? Et se peut-il que certains oublient — déjà — que si les dirigeants de la presse hier clandestine et aujourd’hui libre peuvent pour suivre actuellement leur mission ils le doivent au ministre de, l’Information qui, arrêté par la Gestapo, a refusé de livrer leurs noms à ses tortionnaires ?...
À propos
L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.
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