Extrait du journal

Nous rêvions, jadis, d’un Quatorze juillet classique qui, pour venger nos humiliations et nos douleurs, ramènerait nos armes et nos drapeaux entre la Concorde et le Soldat Inconnu. Nous avons vécu ce que nous n’osions pas rêver : la rencon tre, ou, pour mieux dire, la fusion du peuple et de son armée. Le décor des Champs-Elysées est d’une solennité et d’une grandeur sans égales. Mais, pour ces raisons mêmes, il demeure un décor, où le spectacle sc distingue des spectateurs. Il en va tout autrement de la Bastille et de ses Faubourgs. Là, c’est l’histoire, dont l’air demeure surchargé, qui éveille et nourrit l’imagination. Mais, des pierres, des hommes et des foules, un même courant s’échappe. Irrésistible, il emporte tout. De Gaulle et Paris, de Lattre et les masses noires qui animaient et couvraient toutes les murailles, les soldats et les citoyens, l’Empire et la France : tout cela ne faisait plus qu’un regard. Ainsi, le cortège populaire qui se déroula l’après-midi avait, en vérité, commencé dès le matin. Toute la journée, Le chant du départ eut raison. Dès la première fanfare, ce Quatorze Juil...