Extrait du journal

••• Dans des courants d’air qui plaquent la neige sur le parquet, les sentinelles anglaises fixent des yeux la haie qui, à l’autre bout d’un champ de neige, cache les Allemands. Cette partie du front est relativement calme pendant le jour. Les soldats se reposent en attendant la nuit. La nuit ! La voici qui gagne lentement la campagne... Oh ! l’hostilité de ce silence derrière lequel vont s’affronter les patrouilles ! , Rien ne s’entend mieux, me dit-on, que les pas dans la neige, parce que le crissement n’en peut être étouffé. Mais les Allemands, pour avancer sans éveiller de méfiance, imitent la marche, le cri et le souffle des animaux domestiques qui, livrés à eux-mêmes, errent en grand nombre dans la campagne. L homme a retrouvé, au éontact de la nature, tous les instincts et toutes les ruses de sa vie primitive. Un chat miaule. Tous les cœurs bondissent et battent à se rompre. Un poste voisin tire sur un homme ou sur une bête.... Un chien passe, peut-être en quête de maître ; mais il sera impitoyablement abattu sans qu’on sache si ses yeux quê taient ou menaçaient. Car les Allemands ont dressé beau coup de ses semblables à faire la guerre. Mais demain, au lever du jour, la plaine sera toujours blanche immaculée : la neige aura recouvert les traces des pas et les cadavres des .hom mes ou des bêtes....